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Un pays à l’aube de Dennis Lehane

Publié le 10 août 2013 par Litterature_blog
Un pays à l’aube de Dennis Lehane Je dois la découverte de Dennis Lehane à Syl. Des mois qu’elle me recommande de découvrir cet auteur qu’elle adore et qui, selon elle, a tout pour me plaire. Comme je suis toujours à l’écoute des bons conseils, j’ai foncé. Bon, plutôt que ses polars, j’ai préféré me lancer dans le roman historique qu’il a consacré à sa ville natale, Boston (ça vous étonne ?). Un pavé de 850 pages, le genre de bouquin que je ne peux lire qu’en vacances. Verdict ? Une fresque monumentale et passionnante !  

A Boston, Danny Coughlin, fils d’un ponte de la police locale, est un simple flic qui aspire à grimper les échelons au plus vite. Dans l’Ohio, Luther Laurence est un ouvrier noir qui vient de perdre son boulot. Avec sa compagne enceinte depuis peu, il part pour Tulsa. En cette fin de première guerre mondiale, l’Amérique souffre économiquement et les classes populaires ont du mal à joindre les deux bouts. Les grandes luttes syndicales se développent et anarchistes et bolchéviques venus d’Europe commencent à faire parler d’eux. Pour obtenir sa promotion, Danny doit infiltrer ceux que les forces de l’ordre appellent les « séditieux ». De son coté, Luther s’acoquine de trop près avec quelques truands locaux et doit quitter au plus vite l’Oklahoma. Deux destins à priori impossibles à réunir et pourtant leurs routes vont se croiser au cours de l’année 1919, pour le meilleur et pour le pire. Rien de plus classique que d’insérer la petite histoire dans la grande mais quand c’est fait avec une telle maestria, on se régale. La description des événements de cette année 1919 à Boston, qui culminera avec la grève de la police et les émeutes qui s’en suivront, est palpitante. Très documenté sans jamais tomber dans le didactisme, le roman vous emporte dès les premières pages. Lehanne décortique le processus politique et social qui a poussé les policiers à entamer la première grève des forces de l’ordre en Amérique. On découvre la chasse aux sorcières menée contre les « rouges », les manigances pour briser toute aspiration syndicale, l’espoir d’une vie meilleure pour ses hommes et leur famille qui se fracasse face à l’intransigeance des élus. Et puis avec Luther, on plonge au cœur des premiers mouvements de défense de la cause noire et on reste abasourdi devant le traitement réservé aux gens de couleur dans une ville de l’Est pourtant réputée pour être une des plus tolérantes du pays.   La construction est imparable et les chapitres consacrés aux émeutes urbaines sont d’un réalisme à couper le souffle. Personnages nombreux et incarnés, art consommé du dialogue, alternance entre tension dramatique, scènes plus légères et explosion de violence, le canevas est tissé au millimètre. Ceux qui passent souvent par ici savent que je préfère de loin les écritures minuscules, les nouvelles et les textes courts aux pavés indigestes. Pour tout vous dire je n’avais pas dévoré un roman historique aussi dense et ambitieux depuis l’excellentissime « Mémoire des vaincus » de Michel Ragon il y a près de vingt ans.  Mais pour le coup, je ne regrette pas cette première rencontre avec le sieur Lehanne. Nul doute que nous serons amenés à nous revoir, ne serait-ce qu’avec son dernier ouvrage, « Ils vivent la nuit » qui est la suite d’ « Un pays à l’aube » et que je viens de réserver à la médiathèque. 

Un pays à l’aube
de Dennis Lehane. Rivages, 2010. 857 pages. 10,65 euros. 

Un pays à l’aube de Dennis Lehane

Ce billet signe ma 1ère participation au challenge Pavé de l'été de Brize.

Autant vous prévenir, ce sera ma seule et unique.
Un pavé par an, c'est mon grand maximum !


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