Blockbuster de l’été, Insaisissables, est le film qui a été présenté en teaser tout au long du mois de juillet. Déjà, à la vue de la bande-annonce il était possible de noter la présence des ingrédients typiques suscitant la curiosité et décidant la majorité à aller le voir. Du même coup, les effets, un rythme que l’on devinait effréné, le casting prometteur, laissaient présager qu’il fallait tout de même s’attendre à ce que le scénario s’égare pour laisser place à un simple film à succès bas de gamme.
C’est donc sans grande conviction et avec un brin de curiosité, que l’on peut se laisser tenter. Sans en attendre grand chose, j’ai été plutôt surprise du résultat, même si certains détails du scénario restent incohérents, ou si l’allure de l’intrigue n’est pas toujours constante.
Le film commence très fort en jetant beaucoup de poudre aux yeux. Dès les premières minutes, les quatre magiciens, qui sont les personnages principaux sont présentés, ainsi que le chef d’orchestre qui va leur attribuer leur mission tout au long du film. Bluffant, au départ, le premier tour, convoque tout le public de la salle, qui se prêtant au jeu du magicien, choisit une carte parmi celles qu’il présente, et voit aussitôt sa carte apparaître magistralement.
Les personnages reprennent des codes diverses, de la jolie bimbo (Isla Fisher), au bad boy texan (Woody Harrelson), en passant par le tombeur débutant (Dave Franco), et le jeune anti-héros à la diction rapide (Jesse Eisenberg). Si, on nous laisse entendre qu’il y a eu un passif un peu douloureux entre ce dernier et la jeune femme, ce point ne sera que très peu évoqué. Les personnages et leur psychologie ne sont pas le centre du film.
Une course-poursuite se lance alors entre les 4 magiciens, dirigé par un mystérieux personnage qui s’adresse à eux par l’intermédiaire de cartes à jouer illustrées, et l’enquêteur chargé de les piéger pour déjouer leurs tours polémiques, accompagnés par son équivalent chez Interpol, Alma (Mélanie Laurent). C’est davantage sur ce tandem que le réalisateur choisit de s’apesantir, nous infligeant leur histoire d’amour prévisible.
Il faut admettre que ce rôle convient parfaitement à Mark Ruffalo, qui joue les flics maladroits, et tombe dans tous les pièges tendus pour lui. Nous l’avions vu en enquêteur ambivalent dans Shutter Island, il est assez convaincant ici également. A mesure que le film avance, les tours se multiplient, les 4 héros font le buzz, en attisant la curiosité des gens. Plaçant l’argent au centre de leurs tours, ils dévalisent banques ou personnes riches, offrant à leur public le fruit de leurs gains. Qui sont ces nouveaux Robin des Bois, qui apparaissent sous le strass et les paillettes ? D’autant que dans cette opposition, il faut aussi composer avec Thaddeus Bradley (Samuel L. Jackson), fin connaisseur des magiciens et de leur “trucs”, qui gagne sa vie en dénonçant certains imposteurs dans ses livres à succès. Ses certitudes et le temps d’avance dont il dispose toujours sur l’enquête, est équivoque. On ne sait qui il est réellement, et de quel côté il se trouve.
Si le dynamisme du film s’essouffle à mesure que le film se déroule, il parvient tout de même à placer de manière facile les spectacteurs de la salle, dans la même position que les spectateurs qui se rendent à chaque show, dans un état d’émerveillement littéral. On ne sait jamais, ce que réserve le fameux quatuor, qui se dérobe une fois son tour terminé. Belle idée d’ailleurs de choisir d’investir “5 pointz”, lieu magique, rendez-vous incontournable des fans de streetart dans le Queens à New York. Leur invitation permet d’enchanter le lieu un instant, le remplissant, et révélant ses peintures à la lumière des lampes électriques.
Le film joue ainsi sur la magie des effets, sur la curiosité et l’étonnement, et sur l’émerveillement possible pour peut qu’on se laisse un peu emporter.
En revanche, le fait que l’argent viennent corrompre la croyance en la magie, et se mêler à l’irrationnel est un peu regrettable.
La fausse problématique sur la foi en l’irrationnel et sur le fait qu’il soit possible d’accepter que certaines choses échappent à notre compréhension et à notre contrôle, est tellement serinée par Mélanie Laurent, n’a d’intérêt qu’à la résolution de l’intrigue pour l’expression qu’elle lui laisse sur le visage.
Enfin le simili-twist ne m’a procuré personnellement aucun plaisir : si surprise, ni même l’envie de saluer ce retournement de situation et de louer l’entreprise de celui qui la réalise.
Finalement l’intérêt du film ne réside pas dans ces points, mais bien dans le fait qu’il parvient à convaincre, au début au moins, certaines personnes qui croient en la magie des choses.
A voir :
Insaisissables, un film américain de Louis Leterrier, (1h56)