Mais qui se sent vraiment établi dans la certitude ?
Pourtant il n'y a pas de vie possible dans le doute. Et un être humain ne peut vivre dans la certitude que si ses
activités sont reliées les unes aux autres, si, autour d'une vérité centrale, métaphysique et religieuse, il peut organiser - rendre vivantes comme un organisme - toutes ses autres activités sans exception...
En procédant méthodiquement vous allez peu à peu vous libérer du christianisme incomplet de votre enfance
et accéder à une foi d'adulte. Si vous posez la question avec une intense sincérité : « Où réside la vérité? », peu à peu, de la profondeur, la réponse montera, non pas comme une réponse qui vous est donnée du dehors et dont votre intellect s'empare mais comme une vérité certaine.
Et de cette façon-là vous éviterez le syncrétisme, parce que la certitude vient de l'intérieur...
On pourrait dire d'une manière générale que la tragédie du chercheur spirituel est de mettre peu et mal en pratique l'enseignement auquel il adhère. Et pourquoi en est-il ainsi? Parce qu'il n'est pas certain, au vrai sens du mot certain. Et en même temps, comment acquérir une véritable certitude si ce n'est en vérifiant par vous-mêmes, afin que l'expérience vous appartienne en propre et soit inscrite dans la totalité de votre être? Vous n'aurez cette certitude qui vient de la vérification que si vous mettez en pratique, et vous ne mettrez en pratique que si une première conviction est déjà suffisante.
Par ailleurs, l'Épître aux Hébreux, dont on ignore d'ailleurs l'auteur, nous propose une définition très intéressante de la foi : « La foi est une manière de posséder déjà ce qu'on espère, un moyen de connaître des réalités qu'on ne voit pas ». Une autre traduction donne : « La foi est le fondement de ce qu'on espère et la preuve de ce qu'on ne voit pas ». Ou encore : «la certitude des choses invisibles».
N'y a-t-il pas déjà un abîme par rapport à notre conception habituelle de la foi si le mot "pistis" signifie preuve et que la foi est définie comme la certitude des choses invisibles.
Le terme invisible nous fait tout de suite penser à cet autre mot-clé de l'hindouisme qui est le mot voir. Une
même racine a donné veda en sanscrit, videre en latin, c'est-à-dire vision. Je ne crois pas trahir les textes en
disant que la foi est la vision des choses invisibles. Et si elles ont été vues, c'est bien qu'elles peuvent l'être sous certaines conditions et non pas crues parce que votre curé vous a dit que sinon vous irez en enfer.
Vous pouvez faire grandir votre certitude, vous pouvez faire grandir votre vision des choses qui sont pour vous encore invisibles à l'heure qu'il est, vous pouvez changer jusqu'à ce que vous soyez en mesure de les voir...
Arnaud Desjardins
Extraits de "En relisant les évangiles"