j’apprends très lentement à vivre à ciel ouvert
j’enterre la face humaine sous des gangrènes d’or
et j’ai abandonné des tessons de soleil
dans la chair oubliée des hommes inutiles
dans la nuit survivante les hommes sont contagieux
il y a des fusils plus lourds que les épaules
j’ai vu tomber la neige grise des phalènes
et le corps maternel excisé sous les arbres
mais quand l’écorce enfin aura pitié de l’arbre
quand les oiseaux aveugles chanteront malgré tout
les vagues arriveront jusqu’aux maisons ardentes
alors nous irons seuls dans nos vêtements de pierre
nues sous leur peau les femmes allumeront l’aurore
et j’irai parmi vous comme un crime qui revient
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Tristan Cabral (né à Arcachon en 1944)