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L'éclatement de la zone Euro : le scénario catastrophe

Publié le 09 août 2013 par Fethiakkari

Quelles seraient les conséquences économiques et financières d'un éclatement de la zone euro ? Deux économistes français, Patrick Artus, responsable de la recherche économique chez Natixis, et Stéphane Déo, chef économiste chez UBS, se sont penchés sur la question. Leurs conclusions sont plus qu'alarmistes...

Les Echos n° 21015

Reconstitution des faits en image

Un désastre pour le système bancaire
L'effondrement de l'union monétaire des Etats-Unis en 1932-1933 donne un aperçu de ce qui pourrait se produire, indique Stéphane Déo. Les établissements financiers des Etats membres réduiraient massivement et instamment leurs expositions à la devise du pays sortant. Ce dernier serait amené à suspendre le fonctionnement du système bancaire sur son territoire, voire à réduire sensiblement les montants des retraits autorisés de liquidités dans les agences bancaires implantées sur son sol. La transformation forcée de la dette souveraine nationale en devise locale dépréciée, associée à d'éventuels défauts, mettrait de nombreuses banques à terre.
En outre, pour attirer des liquidités, les établissements bancaires seraient contraints de rémunérer les dépôts à hauteur de 50-60 %, juge UBS en s'inspirant de l'exemple de la dernière crise financière en Argentine (1999-2002).
Le secteur financier de la zone euro en sortirait à son tour ébranlé. Les équilibres de bilan si difficilement restaurés après la crise seraient brisés. Il faudrait des années à l'industrie bancaire européenne pour s'en remettre. Et ce au prix de faillites, de regroupements forcés et, surtout, de restrictions des crédits consentis aux entreprises et aux particuliers.

Les Echos n° 21015

Des taux d'intérêt et une inflation durablement élevés
La sortie de la zone euro se traduirait par " une très forte hausse des taux d'intérêt à long terme (déjà présente de toute manière en Grèce et au Portugal) ", anticipe Patrick Artus. Le pays sortant pourrait même se trouver " initialement " dans l'impossibilité de trouver desprêteurs à long terme, étrangers ou locaux.
Il lui faudrait alors tout miser sur les financements à court terme et à taux flexibles afin de contenir les effets néfastes de la hausse des taux longs sur l'activité économique. Le passage d'un refinancement de long terme à un refinancement à plus courte échéance ajouterait un élément d'incertitude. Quant à l'inflation, elle persisterait " d'abord avec la dépréciation du change, puis en raison de la monétisation des dettes publiques ". Un phénomène inévitable, car pour remplacer les investisseurs privés sur le marché, il reviendra à la banque centrale du pays concerné d'acheter des titres de la dette : l'institut d'émission n'aura donc d'autre choix que de créer de la monnaie supplémentaire.

Les Echos n° 21015

Une première estimation
Si un pays faible quittait la zone euro, les coûts qu'il devrait supporter seraient compris, d'après UBS, entre 9.500 et 11.500 euros par habitant au cours de la première année, soit entre 40 et 50 % de son PIB. L'addition diminuerait, mais resterait salée les années suivantes : entre 3.000 et 4.000 euros annuels par personne. Dans l'éventualité où un pays comme l'Allemagne quitterait l'eurozone, le coût par habitant serait compris entre 6.000 et 8.000 euros la première année (soit 20 à 25 % de son PIB). Il baisserait ensuite à 3.500 - 4.500 euros par année par habitant. Une comparaison instructive : le coût d'un rachat intégral des dettes cumulées de la Grèce, de l'Irlande et du Portugal ne serait que légèrement supérieur à 1.000 euros par tête au sein de la zone euro...
L'éviction de la Grèce, du Portugal, de l'Italie et de l'Espagne de la zone euro produirait " des pertes très fortes à court terme avec les pertes de change sur les dettes publiques des pays qui sortent, et à long terme les effets d'une appréciation de l'euro ", énonce pour sa part Patrick Artus. Façon de rappeler qu'en dernière instance, " le pouvoir de négociation est normalement dans les mains des pays qui peuvent menacer de sortir de l'euro ". A la condition, bien entendu, qu'ils acceptent d'en endosser les terribles conséquences.

Les Echos n° 21015

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