Greenpeace dénonce le nouvel accord de coopération nucléaire que devraient signer, lundi 28 avril au soir, les Présidents français et tunisien à l’occasion de la visite officielle de Nicolas Sarkozy en Tunisie. Après l’Algérie, la Libye et le Maroc, le président de la République/VRP du nucléaire boucle ainsi sa tournée du pourtour méditerranéen. Selon l’Elysée, cet accord prévoit la formation d’ingénieurs et déboucher, à long terme, sur la construction d’une centrale nucléaire.
« C’est à chaque fois la même rengaine : sous couvert de lutter contre les changements climatiques et de défendre le droit de tout pays d’accéder au nucléaire civil, la France développe, notamment au Maghreb, un néo-colonialisme nucléaire, s’indigne Frédéric Marillier, en charge de la campagne Énergie à Greenpeace France. Le nucléaire comme un outil de développement est une véritable aberration, aussi bien sur le plan énergétique et que sur le plan industriel ».
Pourquoi généraliser le nucléaire dans le pourtour méditerranéen ?
On peut s’interroger sur la volonté de certains États de se lancer dans une technologie très risquée et très coûteuse, qui les mettra sous dépendance technologique et énergétique de la France et d’Areva, alors qu’ils disposent de toutes les conditions pour passer directement à un modèle énergétique propre, notamment fondé sur les énergies renouvelables.
Par ailleurs, de nombreux experts, même dans les rangs des défenseurs de l’atome, s’interrogent sur l’intérêt du recours au nucléaire dans des pays qui ne disposent pas des infrastructures nécessaires, et notamment d’un gros réseau électrique capable absorber la production d’un ou plusieurs réacteurs. Ainsi l’ultra pro-nucléaire Jean Syrota, prédécesseur d’Anne Lauvergeon à la tête du leader mondial du nucléaire, à l’époque où Areva s’appelait encore Cogema, estime qu’« il existe peu de réseaux de 20°000 MW dans le monde, et donc peu de pays où le développement du nucléaire est économiquement justifié ». Dans la revue Politique étrangère (voir l’article « L’avenir du nucléaire civil », in Politique étrangère, 2008/1, printemps, p.161-171), Jean Syrota ajoute que le nucléaire « représenterait un moyen de production d’électricité non compétitif qui, de plus, serait le plus capitalistique, alors que souvent ces pays manquent de capacité d’investissement. Il faudrait donc trouver d’autres raisons que le souci d’une gestion efficace et raisonnable d’un système électrique ».
Aberration énergétique, irrationalité industrielle… Mais comment Nicolas Sarkozy justifie-t-il ces accords de coopération nucléaire qu’il signe avec de nombreux pays, notamment dans une région du monde où une généralisation du nucléaire poserait de sérieux risques de prolifération ? Ces accords ne sont jamais débattus, leur contenu n’est jamais dévoilé, ni dans les pays signataires, ni en France. Greenpeace dénonce cette opacité et réclame toute la lumière sur les accords de coopération nucléaires signés par la France.
« Il serait aberrant que les gouvernements du pourtour méditerranéen misent sur l’énergie nucléaire pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre, reprend Frédéric Marillier. En essayant de vendre des projets nucléaires partout dans le monde, de Flamanville à Tripoli, Areva et la France jouent un jeu dangereux, qui ne fait que détourner l’attention des solutions économiques, propres et garantes de paix, disponibles dès aujourd’hui dans la lutte contre le défi climatique. »