Je pourrais me lamenter sur mon sort, pleurer ma maison partie en fumée ; je pourrais me repaître de cette perte, vivre dans les souvenirs de ce qui fut mon existence jusqu'à cette date fatidique. Mais il y a des situations, des drames qui valent toutes les douleurs du monde.
Perdre un enfant n'est pas dans la logique des choses ; un père, une mère ne devrait jamais voir son enfant partir en premier.
C'est malheureusement la triste réalité que traverse une personne que je ne fréquente pas personnellement, mais que j'ai eu l'occasion de croiser ; on peut rester insensible à beaucoup de choses, mais pas au décès d'un enfant.
Même si c'est inéluctable, même si il n'y a aucune échappatoire, même si l'on est averti, prévenu par le corps médical, on garde au fond de son coeur le secret espoir d'un sursis, même ténu, d'une deuxième chance, d'une prolongation.
Alors, lorsque l'irrémédiable arrive, lorsque le dernier souffle d'un petit être s'échappe, qu'une chappe de plomb s'abat sur ses épaules, on se raccroche à ce qu'on peut, en se disant qu'il valait mieux qu'il parte plutôt que de souffrir. Mais cela n'atténue en rien la douleur, le gouffre qui s'ouvre sous nos pieds et ce sentiment terrible d'injustice, cette envie d'hurler sa haine à s'en déchirer les poumons.
Le voilà donc parti, laissant son père, sa mère, sa famille, ses proches, tous ceux qui l'aimaient dans le désarroi, seuls et désemparés. Certes, la mort n'est qu'un passage, une porte qui s'ouvre vers autre chose, mais c'est avant toute autre chose une épreuve qu'il faut pouvoir traverser...