Eau sOleil, un néroli trop tranquille

C’est probablement parce que Patricia de Nicolaï est une femme discrète et réservée que sa marque l’est aussi. Cultivant son indépendance – voire son isolement – elle crée ses parfums quand l’envie lui en prend et les fait apparaître dans ses boutiques comme par inadvertance.

Sa nouvelle création, « Eau sOleil », est présentée comme un hommage à Anne-Marie de la Trémoille qui prit l’habitude de se parfumer avec de l’huile d’orange amère alors qu’elle était Princesse de Nerola, lui donnant son nom actuel de néroli.

Cette

« Eau sOleil » n’est pas une composition révolutionnaire, mais si elle joue sur un registre bien connu, elle le fait avec élégance. L’ouverture sur la mandarine, la bergamote et le petit-grain est un peu trop verte, une odeur de tige quelque peu grinçante. Au porter, cette première impression se fond dans la peau pour laisser apparaître un cœur floral plus épanoui et solaire où dominent le jasmin, l’ylang-ylang et le néroli qui structure l’ensemble de la fragrance. Quelques heures après, la peau conserve la trace des muscs et du patchouli comme les cheveux gardent le souvenir du vent.

« Eau sOleil » est une fragrance d’été, de jardins et de parcs, de Méditerranée et de palais en Calabre. Mais si elle est incontestablement plaisante, elle emprunte des chemins trop souvent parcourus. C’est sans doute pour cela que si les amateurs des Parfums de Nicolaï en parlent comme d’un secret trop bien gardé, ses détracteurs lui reprochent un classicisme qui flirte parfois avec une certaine paresse…

« Eau sOleil » se situe précisément entre ces deux extrêmes et selon qu’on ait envie d’être bousculé ou rassuré, on penchera d’un côté ou de l’autre. Cette composition bien exécutée mais sans surprise laisse toutefois penser qu’un courant d’air frais ferait du bien à cette adresse par ailleurs estimable.

Hervé Mathieu – Fragrance Forward