C’est un tantinet désabusée que je suis sortie de ma consultation avec l’anesthésiste… Je lui ai parlé de mes expériences de péridurale, pour mon premier ça s’est bien passé et je pense que c’était vraiment utile quand on fait un premier bébé de 4,230 kg qu’il faut sortir aux spatules et avec une épisio à recoudre après, ça n’est pas qu’un confort… Surtout quand on a déjà plusieurs heures de contractions derrière soi…
[Une voie basse instrumentale, ils disent, ça ferait presque envie. Alors que non, en fait.]
Bien sûr, pour mon deuxième accouchement, je voulais pareil mais avec les paroles plutôt que la version instrumentale. C'est Attila qui a décidé que non, elle arriverait comme un bouchon de champagne, sans qu’on ait le temps de me poser la péri, ce que j’ai mal pris… avant de réaliser que c’était une chance, finalement, d’avoir pu vivre un accouchement aussi simple et facile ! J’ai nettement moins apprécié les 2 ou 3 points que m’ont valu la mini-déchirure. Enfin quand je dis un accouchement simple et facile, j’ai pleuré et crié, hein. Mais c’était bien. J’en ai parlé ici, souviens-toi !
Donc, forte de mon expérience de warrior de l’accouchement, j’étais prête à me lancer sans péri pour ma Mini. Elle se présente en siège ? Même pas peur! Elle s’est retournée avant, donc c’était encore plus simple. Je pourrais accoucher sans péri et décider de ce que je veux. Sauf qu’une fois dans la voiture en route pour l’hôpital, j’ai commencer à dérouiller gentiment et je ne me suis donné aucune chance de réaliser cette envie. Dès que la sage-femme m’a demandé ce que je voulais, j’ai répondu “une péri !”.
L’anesthésiste était un vrai connard, il a été odieux avec la sage-femme, mécontent qu’il était d’avoir été réveillé au milieu de la nuit, sans doute. Il a prononcé une phrase qui résonne encore dans ma tête “pour un troisième, vous auriez pu proposer d’autres solutions”… Trop occupée que j’étais à souffrir en silence et à tenter de calmer le Macho qui commençait à bouillir en voyant que le type avait mis plus de 45 minutes à venir, je n’ai rien dit. J’aurais pu lui dire que je connaissais la différence entre accoucher avec et accoucher sans péridurale et que puisqu’en France on a le choix, j’avais choisi avec. J’aurais pu lui dire de la fermer et de me poser ma péri. J’aurais pu lui claquer “Pas d’utérus, pas d’avis !” à la manière de Rachel. Mais j’ai rien dit. J’ai eu ma péri. Elle a quasiment stoppé le travail, m’a provoqué une chute vertigineuse de tension qui a fait paniquer la (jeune) sage-femme, qui a appelé sa collègue à la rescousse. Et au final, j’ai quand même eu mal au moment de l’expulsion. Mais vraiment mal, quoi, comme si j’avais pas eu de péri.
Alors après coup, tous les professionnels te disent “c’est normal, on dose moins pour que vous sentiez le bébé descendre, et l’envie de pousser et blablabla”. Peut-être. Ou alors en plus d’être un connard, cet anesthésiste était mauvais ? Je ne le saurais jamais, mais j’ai vécu cet accouchement comme un échec, je crois. C’est ce que j’ai réalisé seulement ce matin, après presque 3 ans, en racontant tout ça au gentil anesthésiste qui m’a reçue. Pour la première fois en le disant, j’ai presque eu les larmes aux yeux. Elles sont venues un peu plus tard, une fois que j’ai été assise dans ma voiture.
Cette fois j’avais envie de tenter sans péridurale. Je me sentais prête et assez forte pour y arriver. Et voilà que la semaine dernière j’apprends que mon bébé va sans doute faire plus de 4 kg… Et là je ne sais plus… Je tente ? Je ne tente pas ? L’anesthésiste me dit que la péridurale peut être fortement encouragée quand le bébé est annoncé gros, que ça peut être une indication thérapeutique et plus seulement mon choix “de confort”. Que c’est mieux si jamais il faut recourir à la césarienne d’urgence, si la péridurale est posée avant ça fait une source de stress en moins…
La voilà ma grosse angoisse : la césarienne. Je suis repartie pas rassurée du tout, avec plein de questions pour la sage-femme que je dois voir à la fin du mois… Avec tous ces mots qui résonnent dans ma tête : césarienne, urgence, stress, agitation, anesthésie. Alors que quelques minutes avant j’étais contente parce que j’avais parlé avec le gynéco de la possibilité de raccourcir mon séjour en maternité parce que la dernière fois je m’étais fait chier comme un rat mort. Et qu'en plus on me donnait pas assez à manger.
J’ai pleuré un coup dans ma voiture puis je suis allée faire un tour chez Cultura, mais le cœur n’y était pas, alors je suis repartie. En réfléchissant sur la route du retour, je me suis dit que cette fois-ci, je crois que je vais faire un projet de naissance ou je ne sais pas comment ça s’appelle, un écrit pour exprimer ce que je veux et ce que je ne veux pas. Et en parler avec la sage-femme. Je dirais par exemple que je me fous qu’on me mette de la musique douce, si je dois supporter la mauvaise humeur d’un médecin.
Parce que j'en ai marre de me dire retrospectivement que c'est mon second accouchement qui a été le plus beau, alors que je n'ai pas su le vivre pleinement...