Pendant une semaine, à défaut de pouvoir me procurer une Blackmagic Production Camera 4K, un pote m’a prêté le dernier cri de chez Woodman Labs, la GoPro Hero 3 Black Edition et j’en ai d’ailleurs profité pour faire deux vidéos à Dijon-Prenois : voir article précédent. Avant toute chose il faut savoir que ce joujou « nu » est vendu la (presque) bagatelle de 500€. Mon expérience avec ce produit ne me laissera pas un (bon) souvenir impérissable, j’ai décidé d’écrire quelques lignes à son propos.
Le premier problème et pas des moindres, est strictement logiciel ; du moins j’ose l’espérer ! En effet la caméra fonctionne un peu comme elle l’entend, l’interface « freeze », ça plante parfois, souvent à tel endroit, mais pas toujours, parfois à d’autres… Et puis y’a pas de bouton « reset », il faut démonter le support, sortir la GoPro de son boîtier, dégager le cache batterie (l’option ongles est conseillée), virer la batterie, tout remonter, etc. À ce niveau là ce fut déjà un bon calvaire dont je me serais passé volontiers. Le comble reste ce moment d’incompréhension où la GoPro s’arrête subitement de filmer après quelques secondes/minutes sans la moindre raison (carte mémoire classe « hors de prix » vide et batterie pleine => on me la fait pas !). Bon là certains me diront que des mises à jour du firmware viendront corriger tout ça : parlons-en donc de ces updates !
Les mises à jour se font par l’intermédiaire du site internet, jusque là rien de plus logique, entendons-nous bien. Là où le bat blesse c’est quand ton navigateur te réclame l’installation de Java… non mais JAVA QUOI ! Oué ce truc bien crade, bien lourd, à peine considéré comme un plugin/module par ton navigateur… Bref j’ai installé « tout ça », on m’a gentiment demandé de bien vouloir connecter la GoPro en USB, comme l’on pouvait (tristement) s’y attendre. Inutile d’espérer by-passer toute cette m**** en imaginant balancer le firmware sur la carte mémoire pour le faire gober à la caméra… malheureux ! Donc voilà, j’ai baissé les bras quand le site m’a demandé de créer un compte, décliner mon identité, rédiger ma biographie, analyser mon ADN et procéder à un toucher rectal.
Maintenant, venons-en à l’ergonomie, aux réglages, à l’accessibilité et à la quasi-absence d’écran. Nous sommes bien en présence d’une usine à gaz qu’il faut entièrement piloter par deux boutons… pratique ! D’autant plus pratique lorsque la GoPro est équipée de son boîtier qui réplique les boutons par l’intermédiaire de ressorts/poussoirs. Alors moi je n’ai rien contre le côté « usine à gaz », d’habitude j’aime plutôt bien ça mais avec cette approche je n’adhère pas du tout. Il est possible choisir la résolution, le nombre d’images par seconde, mode photos rafale, régler le wifi, le sens de la caméra, etc… AVEC DEUX BOUTONS PUT*** ! Alors tout cela n’est pas forcément rédhibitoire si la personne vient là pour faire de la vidéo et non en être l’acteur, le sportif, appelez-le comme bon vous semblera. Étant là pour rouler, sortie voiture sur circuit pour ceux qui ne suivent pas, j’ai rapidement réglé ça (gros doigts de série) : vidéo, 1080, 60fps, caméra tête en bas. Tu pars donc filmer ton délire (en retard vu l’ergonomie de haut vol) en ayant vaguement un résumé affiché de tes réglages sur le minuscule écran monochrome frontal (avare en informations, c’est un fait). Ingénieux cet écran frontal quand la GoPro filme la piste !
Faute d’écran, il est possible d’utiliser son smartphone en connectant la GoPro en wifi à celui-ci… En voilà une idée, je m’empresse de télécharger l’application iPhone officielle gratuite (si, si, je me sens obligé de le préciser), j’active le wifi sur mon iPhone (2 secondes), pareil sur la GoPro (2 minutes) et c’est partit mon kiki… « synchronisation » ! Oué non faut le mot de passe hein… ***OWNED !*** Je ne peux même pas vous dire s’il et possible de le changer, avec deux boutons, saisir un mot de passe… Bref ! Le mot de passe par défaut « goprohero » n’est pas dans la notice, non, non, non : il est disponible quelque part sur le net. Là encore, quand tout devrait être OK, tu ne sais pourquoi, ton iPhone n’arrive pas à récupérer le flux vidéo… par contre les commandes ont l’air de fonctionner et la batterie (déjà limitée mais nous y reviendront), se décharge à vitesse grand V avec le wifi activé… j’ai envie de pleurer :/
Lors de mes tests, l’autonomie a rarement dépassé une heure, peut être une fois 1H30 en 1080, 30fps et wifi off… ridicule ! Là certains me diront que l’on peut opter pour la « battery BacPac », etc. Mais ça tombe bien car il me reste de la place pour évoquer la pléthore d’accessoires disponibles.
En effet, des accessoires, il y en a par dizaines, peut être même par centaines ou par milliers, on trouve de tout, à tous les prix : une vraie jungle ! J’ai personnellement opté pour le support ventouse en plastique que j’ai du payer environ 40€ port compris. La « battery BacPac » évoquée plus haut coûte 59€ (25€ pour celle d’origine, si vous avez besoin de batteries supplémentaires). Le « LCD Touch BacPac » ajoutera un écran à votre GoPro pour 99€, etc. Et tout est comme ça, accessoires batteries, fixations, boîtiers étanches, etc. Là je dois quand même saluer l’effort du constructeur qui permet la connexion d’un micro externe par l’intermédiaire d’un adaptateur ; payant, 25€ faut pas déconner
Pour conclure je dirais qu’il y a plein de bonnes idées dans ce produit, certainement plein de bonnes intentions de la part de GoPro mais une dizaine de points noirs qui viennent totalement flinguer l’expérience utilisateur. Initialement les GoPro ne coûtaient pas vraiment très chères, elles étaient sujettes à des chocs, etc. Maintenant on nous propose une GoPro « white » (aka « de merde ») à 249€, une « silver » intéressante mais à déjà 349€ et cette « black » à 449€. Mon sentiment est que GoPro s’est fait un nom, ils essaient tant bien que mal de justifier ce tarif délirant en multipliant les fonctionnalités et en rendant le produit trop élitiste et finalement difficile d’accès à la personne qui veut juste « appuyer sur un bouton » pour filmer en Full HD. Les choix tant techniques que marketing sont discutables. 450€ c’est quand même le prix d’un très bon smartphone ou d’un iPad mini. Ces derniers qui sont dotés de capacités photo/vidéo très proches (exit la 4K dont la plupart se tapent, surtout à 12 images/seconde) et disposent d’écran tactile, de GPS, d’accéléromètres, de boussoles et d’une foule d’autres choses. Voilà, l’expérience GoPro ne m’a donc pas convaincu, je l’ai rendu à son propriétaire en lui offrant le support ventouse acheté pour l’occasion => bon débarras !
Ceci étant dit, je ne tourne pas forcément le dos à ce type de caméra mais je m’orienterais davantage vers la Drift HD Ghost si l’occasion se présente. Celle-ci ne sera peut être pas non plus exempte de défauts mais plus intéressante pour mon usage (écran LCD 2”, autonomie 3H, objectif globulaire orientable, etc) et son bundle beaucoup plus complet pour un prix un peu plus doux. Les propriétaires d’iPhone pourront même se satisfaire des boitiers Optrix et de leurs fixations. Ce système, couplé à une app adaptée à vos besoins (Harry’s GPS LapTimer dans mon cas), peut donner des résultats surprenants.
PS : Non je ne suis pas le seul à avoir rencontré ces problèmes :
- Premiers griefs contre la GoPro HD3 Black Edition,
- Une mise à jour qui me réconcilierait avec le Wifi de la GoPro ?,
- GoPro Hero 3 Black : il ne lui manque que l’autonomie,
- (Mes)aventures en GoPro,
- GoPro 3 Black édition – la merde en barre,
- Gopro : Un modèle commercial accessoirisé.