Née le 24 Février 1604 à Venise dans le sestière de Castello, elle a été baptisée Elena Cassandra Tarabotti. Elle est la neuvième fille de Stefano Tarabotti et de Maria Cadena.
De son père, on ne sait pas grand chose, homme du peuple, sinon qu’il était boiteux, comme elle : "col quale forse il mio genitore ha voluto contraasegnarmim per sua figliola." On lui connait deux sœurs, Caterina, qui était élève d’Alessandro Varotari dit il Padovanino, et Lorenzina.
Alors qu’elle n’a que 11 ans, son père la met de force au couvent, pour "sessanta duccati al anno e doi miri de oglio per una e le sue regalie." Elle se retrouve à San’Anna di Castello, alors réputé pour y former plus de putains que de religieuses.
En 1620, sa dot est payée, un millier de ducats et Elena prends le voile, en 1623, elle prononce ses vœux.
Selon les mots de Sansovino, l’église du monastère était alors, une "nuda di bellezze" si l’on excepte la broderie tissée pendant des années par les filles du Tintoret, copie en soie de la Crucifixion peinte par leur père pour la Scuola San Rocco.
Au sein du couvent, la jeune fille ne parle que d’une seule amie, Regina Donà, "la mia Regina" et, grâce à son activité littéraire, elle se décrit comme une femme qui n’a pas la lumière nécessaire pour étudier l’art et ceux qui professent les belles lettres. Elle surmonte ces difficultés et fait tomber les murs de sa prison qui la séparent du monde dont elle avait rêvé. Elle a patiemment mis en place un vaste réseau de contacts littéraires, elle entretient une correspondance avec des hommes et des femmes, des personnalités littéraires bien connues de son époque (y compris les écrivains vénitiens comme Giovan Francesco Loredano ou puissants tels que Vittoria della Rovere et le cardinal Mazarin).
A cette période, elle a publié quatre ouvrages controversés et peut-être, au moins, six autres, dont certains longtemps distribué sous forme de manuscrit, car les sujets traités étaient dangereux pour l’époque et qu’il était difficile de les publier.
Elle était belle?
Certes, elle boitait, comme son père, mais ce n’est pas incompatible avec une certaine beauté. Francesco Loredano la décrit comme riche d’esprit et de corps. Un célèbre madrigal anonyme dit "nome hai d’arcangelo e sembiante/ di sempiterni dei" …
Alessandro Varotari fit son portrait, libertin raffiné, ce n’était peut-être pas le plus approprié pour peindre une religieuse. Il existait également un autre portrait d’elle dans la galerie de Giovan Francesco Loredan.
Ses premiers ouvrages traitent de l’enfer monacal : La semplicità ingannata, La tirannia paterna, L’inferno monacale. C’est après avoir écrit ce dernier livre, en 1633, qu’elle traverse une crise profonde, suite aux calomnies intimes propagées par un moine qui va l’entraîner jusqu’à la dépression. son salut viendra du Cardinal Patriarca Corner qui va la guider, l’entraîner à la lecture, y compris de Machiavelli, Brusoni et même Ferrante Pallavicino le satiriste malheureux et controversé, Vénitien, exécuté en France.
Elle eût également le droit de sortir du monastère, non comme une putain, mais pour aller enseigner. Elle rencontra ainsi de riches étrangers et des ambassadeurs, comme l’ambassadeur de France M. Nicolas Bretel sieur de Gremonville et sa femme.
De 1642 à 1645 elle donna des leçons chez l’ambassadeur Anne des Hameaux et sa femme Marguerite de Fiube grâce à qui elle connut Gabriel Naudè le bibliothécaire de Mazarin.
Arcangela Elena Cassandra Tarabotti est morte en 1652.
Elle a légué à la postérité :
- Antisatira d’A[rcangela]T[arabotti] in risposta alla satira Menippea contro il lusso donnesco di Francesco Buoninsegni 1644
- Lettere familiare e di complimento 1650
- Difesa delle donne contro Orazio Plata 1651 sous le pseudonyme Galerana Barcitotti
- La semplicità ingannata 1654 publié à Leyden sous le pseudonyme Galerana Barcitotti
- La tirannia paterna
- L’inferno monacale
- Purgatorio delle mal maritate
- Antisatira in risposta al lusso donnesco
- Il paradiso monacale
- Che le donne siano della spezie degli uomini
- Contemplazioni dell’ anima amante
- Via per andare al cielo
- La luce monacale