Rosie (Dania Ramirez – Heroes), Zoila (Judy Reyes – Scrubs), Valentina (Edy Ganem) & Carmen (Roselyne Sanchez – FBI : Portés Disparus) sont femmes de ménages à Beverly Hills. Pleines de rêves et d’ambitions, elles partagent volontiers les petits secrets de leurs employeurs. L’arrivée de Marisol (Ana Ortiz – Ugly Betty), nouvelle domestique dans le quartier, coïncide avec le meurtre de Flora (Paula Garcés – The Shield), l’employée de l’énigmatique couple Powell. Mystères, luxe et séduction sous le soleil californien voici les ingrédients de ce soap estival. Commandé par ABC en 2012 alors que Desperate Housewives touchait à sa fin, le pilote n’a pas convaincu et c’est finalement Lifetime (la chaine des femmes) qui a mis la série à l’antenne. Moins riche et destinée aux ménagères, la série est clairement moins travaillée et moins bien écrite. Néanmoins, elle se laisse regarder volontiers avec un plaisir coupable comme un livre de Marc Levy sur la plage.
Le réalisme sous le tapis. Elles sont belles, ultra sexy, manucurées et Louboutinées, elles aiment les gossips et les hommes et sont prêtes à tout pour réussir. On ne se demande pas longtemps quand elles ont le temps de nettoyer les 23 chambres et les 16 salles de bains des maisons où elles sont employées, tant elles passent de temps à papoter, enquêter ou draguer, parce que dés les premières minutes du pilote on comprend vite qu’on ne regarde pas une série réaliste. Mis à part les rôles principaux tenus par des comédiennes latinas, habituellement cantonnées aux seconds rôles, le débat sur la communauté hispano-américaine est inexistant. Elles pourraient aussi bien être noires ou WASP et femmes au foyer… Ah non, ça c’est déjà fait. On aurait pu attendre de la collaboration entre Eva Longoria, femme engagée et soutien de Barack Obama et du conservateur Marc Cherry, une série plus sociale et plus critique, il n’en est rien. On a l’impression que les auteurs passent volontairement à côté de la question des conditions de vie des domestiques latinos, tout en essayant de séduire une population hispanique grandissante et avide de soap operas. Qui a dit opportuniste, dans le fond de la salle ? Devious Maids n’a pas d’autre objectif que de divertir. Et c’est sans doute tant mieux, car la dernière fois que le show runner s’est mélé de question sociale, ça a donné la saison 5 de Desperate Housewives et on connaît la suite (cf. Fans délaissés, désespérés). Marc Cherry a repris les ingrédients qui avaient fait le succès de sa série phare en y ajoutant une pointe de Cholula et vamos ! La comparaison est inévitable et pas nécessairement en faveur de la petite dernière.
Les femmes à la cuisine ! Devious Maids est adaptée d’une telenovela, donc la caricature est de rigueur. Mais les scénaristes ont peut-être poussé un poil de brosse à récurer trop loin. Parce que le moins que l’on puisse dire, c’est que la psychologie des personnages est aussi subtile qu’un burrito aux haricots rouges. Entre l’actrice idiote et égocentrique pour laquelle travaille Rosie et la patronne de Zoila et Valentina, une cougar accros aux antidépresseurs et à la chirurgie esthétique, c’est à se demander si Marc Cherry ne serait pas un brin misogyne. Parce que ce ne sont pas tant les clichés sur les latinas, qui sont gênants. Oui, elles sont chaudes, elles aiment la danse et elles parlent fort (avec un accent à couper au couteau que les comédiennes, quasiment toutes nées aux Etats-Unis, ont du mal à prendre). Mais l’image de la Femme, véhiculée par cette série est un peu dérangeante. Le message est clair, quelque soit la classe sociale, pour s’en sortir, il faut un homme. Et pour en avoir un, il faut le mettre au lit. Une femme riche est nécessairement hystérique, dépressive ou ancienne prostituée et doit tout supporter de son mari même si « il se tape la bonne » puisque c’est lui qui ramène le Dom P dans le seau à glace. Les domestiques, elles, séduisent leur patron à grand renfort de décolletés, d’œillades et de postures de chaudasses en espérant qu’il les couvre d’argent ou de Green Cards pour leur famille restée au pays. Toutes des p*** sauf Mama ! Certes l’exagération est la marque de fabrique de Marc Cherry mais les personnages sont trop peu originaux pour que leurs excès soient surprenants.
Beaucoup plus bonnes que leurs copines. Ces considérations de chiennes de garde mis à part, la série est idéale pour l’été. Devious Maids est à consommer sans modération, en se faisant les ongles. Les belles maisons, les corps de rêve des gosses de riches et quelques dialogues savoureux parviennent à faire oublier la pauvreté du scénario et le club des 5 du plumeau devient vite attachant. On se met à espérer que les romances naissantes se concrétisent, que les Maids soient encore plus devious[2] et qu’on retrouve le meurtrier de Flora. Que ce soit la pétillante et sexy Carmen qui rêve de percer dans la chanson et qui nous fait étrangement penser à une certaine Gabrielle S., la douce et religieuse Rosie, séparée de son fils resté au Mexique, qui fait craquer sans le vouloir son patron ou encore la sérieuse Zoila qui vanne sec son employeur et amie et doit veiller à ce que sa fille Valentina ne craque pas pour le fils de cette dernière (Remi, incarné par Drew Van Decker – Pretty Little liars et on a toutes du mal à voir comment faire autrement…). Elles ont toutes un secret et une histoire qui nous donnent envie d’apprendre à les connaître. Plus modernes et plus sexy que les habitantes de Wisteria Lane, ces bombes latines nous font « kiffer la vibes », ne sont pas d’humeur à ce qu’on leur prenne la tête et prêtes à tout pour se faire passer le diams au doigt.
[1] Elles sont la joie de la maison
[2] Sournoises