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1 an d’agence à Londres. Le retour d’expérience d’un entrepreneur à Londres

Publié le 07 août 2013 par Lilzeon

Ca fait 6 mois que je n’ai rien posté ici. A croire que développer sa structure occupe l’esprit.

Vous pouvez voir les précédents épisodes sur les raisons pour lesquelles j’ai monté une agence à Londres puis sur la gestion de la première phase de développement ainsi que ma passion pour la croissance organique.

Après en fait 14 mois de développement de French Ideas, je peux dire que j’apprends tous les jours. Une vraie remise en cause des acquis, de ce qu’on pensait évident. Notamment en agence où on a tendance parfois à se concentrer sur une spécialité en perdant – parfois – la réalité des marchés. Voici une petite liste de ressentis / idées de ces premières semaines…

Etendre ses domaines de compétences

A part si vous restez freelance, il est urgent d’acquérir de nouvelles compétences, de nouveaux territoires de compréhension. Surtout dans un contexte post crise, on va rarement “acheter” simplement une casquette ou une sous expertise du côté des clients. Il importe de parvenir à créer des ponts entre les disciplines, et justement pas que marketing. On a besoin d’illustrateurs, d’artistes, de marchands de café, de couturiers, y compris pour mettre en place une expérience dite digitale. Créer ces ponts prend du temps. Du temps parce qu’on travaille des domaines qu’on ne connait pas forcément ou très peu. Compliqué car il faut parler le même langage, et pas un jargon marketing.

En revanche, quand l’alchimie prend, on commence alors à atteindre certains degrés plus signifiants. La force de nos petites structures sera toujours d’aller plus vite que les monstres Publicis Omnicom Group ou autres WPP. Ces structures ne sont pas faites pour être agiles: ces structures sont faites pour optimiser des grandes masses d’argent. Il n’y a qu’à voir ce qu’on célèbre dans ces deals: devenir des super structures financières, pas des génies créatifs…Ce qui ne veut pas dire qu’il ne faut jamais penser à une revente, un jour ou l’autre. Mais on crée un business pour être pérenne, pas pour être racheté. Tant qu’on a l’énergie, évidemment.

A Londres, les symbioses semblent plus évidentes qu’à Paris; il y a un côté wannabe finalement assez respectable: on parle musique et fonds d’investissement au bar boho d’en bas. Il n’est pas rare de rencontrer et surtout d’écouter des gens aux parcours qu’on qualifierait d’atypiques ailleurs, qui sont en fait la norme ici. Ce côté bisounours n’exclut pas les phénomènes de gentrification, bien au contraire, une véritable plaie pour les métiers du marketing et de la communication. Il faut ainsi parvenir à maintenir une forme d’élitisme et d’artisanat en même temps, afin de continuer à apporter des solutions pertinentes et qui “parlent” aux vrais consommateurs. Pas évident.

Autre idée en vrac: j’ai l’impression de rencontrer les français ici. Je veux dire, ce savoir-faire Frenchie. Etonnant d’exacerber une identité jolie quand on est justement expatriés. J’y reviendrai quand j’aurai enfin compris

:)

Eviter le syndrome de l’entrepreneur

Je rencontre beaucoup d’entrepreneurs. Et en fait, ceux qui se revendiquent de la sorte ont tendance à m’agacer: ça parle beaucoup (trop) du projet de l’entreprise sans jamais vraiment rentrer dans du concret. Ca pleurniche sur les taxes et ça s’inquiète des différents investissements de tel VC ou de tel autre. La vérité, c’est que les entrepreneurs qui se retrouvent dans des apéros d’entrepreneurs sont parfois pires que des salariés dans une soirée d’entreprise. Un bon plombier est un bon plombier, pas un chef d’entreprise. Un bon stratégiste est un bon stratégiste, pas un pillier de comptoir de soirées sponsorisées par Orange. Ca c’est dit.

Rester curieux, malgré les gigaoctets de pression et de contraintes

Oui, quand on a la tête occupé par sa petite affaire, on a tendance à devenir un peu moins disponible, un peu moins alerte, un peu moins réceptif. Et pourtant c’est le moment de rester au taquet sur ce qui nous entoure. Comme dirait un poète: la névrose, c’est dans ta tête.

Alors il faut s’allouer des périodes de liberté, même quand le cash flow tarde à rentrer. Il faut aller à un cours de danse car c’est drôle et que ça nous montre autre chose. Il faut lire des romans (je ne le fais pas assez). La force des agences est d’être pervasive, d’être des éponges à idées, des transformateurs d’inspirations en projets. Il est nécessaire de tester de nouveaux outils, de prendre le temps tard la nuit d’ouvrir des comptes et noter pour plus tard telle citation ou telle pensée. C’est cette tension positive qui permet de pouvoir ajouter la bonne pièce au bon endroit.

J’ai la chance de finir la journée au bureau relativement tôt en échange de quoi je me lève aux aurores. Chacun doit trouver son rythme, avec comme contrainte une équation simple: il faut être disponible pour le client.

Etre client-centric, justement

Il n’y a qu’une règle quand on commence en fonds propres comme c’est mon cas (oui, French Ideas a commencé avec 100 pounds il y a un an…): si le client est content, il en parlera à la terre entière.

Nous sommes une industrie pas forcément peuplés de gens tous sérieux. Parvenir à être au-dessus de la moyenne dans différents critères (confiance; qualité prix; créativité; disponibilité…) permet de se créer une réputation. Ce n’est pas le nombre de followers qui fera votre bonheur, c’est ce que 5 d’entre eux diront peut être à un grand patron ou à un chef de produit en devenir. N’oubliez pas: quand un client choisit un pure player, c’est aussi un pari qu’il fait sur vous pour de son côté grandir et faire exploser sa marque ou son organisation. Pensez à lui, systématiquement. Ca ne veut pas dire qu’on est toujours le meilleur dans un domaine: la marque a le réseau d’agences qu’elle mérite, et a contrario l’agence travaille pour des marques à sa mesure.

Ca veut aussi dire que parfois, quand un client est en inadéquation avec un processus d’agence, ou qu’un prospect tarde à se décider, on a le droit de dire stop. De ne pas forcer la main ou de s’obliger à travailler dans la douleur. Ca prend du temps et ça consomme de l’énergie pour peu de bonheur. Le genre de chose qu’on ne nous apprend pas.

…mais accepter aussi le fait qu’une entreprise n’est pas un bébé mais une association d’idées

Je l’avoue: comme beaucoup de gens qui ont lancé leur propre business, le risque de vouloir personnifier à outrance l’entreprise comporte un risque: un niveau d’exigences envers les employés qui peut rapidement se transformer en acharnement vain; un problème pour partager le succès. Il faut parvenir à se défaire de l’idée qu’une entreprise est possédée par un être suprême monomaniaque (haha), éviter le syndrome du héros du bar du coin: c’est d’abord parce qu’elle est peuplée de nombreuses individualités qu’une entreprise crée de la valeur. Et si cette valeur est portée par une vision, tant mieux. C’est une affaire sociale, avant tout.

Continuer à prendre des risques

On pourrait continuer à vivoter sur nos nouveaux acquis. C’est confortable, les premiers acquis. Ca donne l’impression d’exister et ça permet de payer enfin autant de taxis qu’à l’époque où on passait tout en notes de frais (mais aux frais de qui déjà?). N’empêche que c’est justement là où l’adrénaline commence à monter: être en mesure de prendre un risque un tout petit plus grand.

Dans notre cas de figure, c’est de se regrouper avec des publicitaires afin d’apporter des solutions intégrées et avec une méthodologie plus unique.

Il n’y a pas que des rêves, il y a tout l’épuisement qu’on y met à pouvoir lâcher prise.

A dans quelques mois.


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