Chacun a ses propres évocations. J'aurais ajouté Nemours et ses coquelicots qui parfument délicieusement sirop et bonbons, Moulins et ses palets d'or, Orange et ses chorégies ... Je ne dirais pas que j'ai sillonnée la Route bleue de A à Z. Quelques tronçons, oui, et puis des bifurcations selon les destinations finales. Il m'arrivait de rouler un peu plus à l'Est, par exemple pour traverser le Morvan et Saulieu.
Ou au contraire plus à l'ouest. Ah ... la traversée de Millau (nationale 9) avant la construction du viaduc ... s'éternisait pendant des heures, valant en difficulté celle de Lapalisse, petite ville de l'Allier, si nostalgique de ses embouteillages qu'elle en a fait sa spécialité pour les reconstituer chaque été, mais à une date convenue d'avance.
Car depuis quelques années les vacanciers se tournent vers le TGV, ou l'autoroute, quand ce n'est pas en avion qu'ils se posent directement à Marignane. Si on voulait aujourd'hui emprunter la N7 il ne suffirait d'ailleurs plus de mettre le cap sur le sud pour relier Paris et Menton. La moindre bretelle de contournement vous éloigne d'un centre ville ancien et vous voici aimanté par un péage qui, curieusement est le seul à être fléché.
Même les bornes blanches et rouges se sont volatilisées, sous prétexte que certaines portions sont devenues départementales : les D207, et D1007, sont d’anciens tronçons qui ont été déclassés. Et il est rapide de prendre la mauvaise bifurcation à un rond-point.
C'est donc une belle idée de consacrer un livre au sujet. J'en ai parcouru les pages avec plaisir, retrouvant presque mes 20 ans, les kilomètres qu'on enfilait la nuit pour retrouver les copains en Avignon avant d'aller piquer une tête dans la grande bleue.
On ne battait pas de record de vitesse. Du coup on s'autorisait des haltes. La Bussière et son musée de la pêche, Briare et son grandiose pont-canal, la vue panoramique des Baraques (Loire), les raffineries de Feyzin, et puis les hauteurs de la Turbie ... c'est aussi cela la RN 7.
Clémentine Donnaint et Elodie Ravaux ont fait d'autres choix mais tout autant intéressants. Tant qu'à prendre le temps elles ont focalisé sur des plats de pique-nique et c'est une bonne idée. Leur carnet de voyage culinaire est une ode au bien manger en 15 étapes.
L'accent est mis sur la menthe de Milly-la-Forêt, le raisin chasselas de Fontainebleau, les pralines de Montargis (je les écris différemment : praslines suivant l'orthographe de la maison Mazet), le sandre de la Loire et ainsi de suite jusqu'au citron de Menton.
Mais la principale modification fut de tartiner la baguette avec un carré frais estragon-échalote. Si vous n'avez pas de pain frais vous pouvez employer du pain de mie mais je vous conseille de l'écraser au rouleau à pâtisserie pour pouvoir le rouler ensuite comme un wrap.
J'ai été surprise de trouver une recette de madeleines p.176, associée à la ville de Nice alors que nous sommes loin de Commercy mais servie avec la mousse au citron de Menton de la page suivante c'est un tel délice que l'on ne va pas porter plainte pour détournement de spécialité.
Nationale 7, 50 recettes sur la route mythique de Paris à Menton, de Clémentine Donnaint et Elodie Ravaux, Hachette cuisine, juin 2013