Being in peace with everything.
Feeling lost. Les premières sensations qui me viennent au corps quand je repense à l'Islande. Comme si les mots n'étaient pas suffisants pour expliquer. Pour faire comprendre. Ou bien, au contraire, comme si je pouvais en parler pendant des heures avec autant d'enthousiasme que de détresse sans même que j'arrive à vous en faire toucher du bout des doigts. Impalpable. Insaisissable Iceland. Je n'ai jamais su comment m'y sentir. Je voulais même presque m'en libérer après deux jours tellement cette terre m'a mise mal à l'aise. Je pense que c'est cette contradiction. Cette contradiction dans tous mes sentiments, dans toutes mes sensations. Cette terre, ces cieux, ces paysages merveilleux, éblouissants de pureté. Cet air frais, tellement frais qu'il te brûle tes petits poumons intoxiqués. Ces couleurs incroyables, ce soleil qui te transperce la peau. Ces montagnes qui relient l'homme à l'éternité. Et cette terre qui vibre, cette eau qui brûle, ce vent qui déchire l'espace, ce volcan qui bouillone sous tes pieds. La nature te domine. Complètement. La nature donne, tout ce qu'elle a de beauté, de force, d'énergie , d’ambiguïté, d'amour. Et reprend. Ce qu'elle veut, quand elle le veut dans une rage destructrice. Elle te met constamment sur le qui vive. Constamment en alerte. Pas de répit. Indomptable. C'est celle qui te fait peur et qui te sauve la vie tout en étant ta pire ennemie. Elle te rappelle ton extrême vulnérabilité, que jamais tu ne contrôles, donc autant t'adapter à elle. Pas l'inverse. Je n'étais rien. Un point minuscule dans l'espace. Nous ne sommes rien. Elle nous le rappelle.
Tout ce que tu vas faire, là-bas, est en fonction de 'lui'. Le vent. Kári. Toujours en train de manigancer quelque chose. Parfois, il se déchaine en effroyables tourments et envoie valser tout ce qui n'est pas solidement attaché. T'oblige à abdiquer, te fait te rouler en boule, au sol pendant une demie heure. Le temps qu'il se calme. D'une douceur agressive. Tous les Islandais le craignent, les plus téméraires nourrissent l'espoir d'arriver à le déjouer. Un jour. Peut-être. Il cristallise leur attitude face à la Nature toute entière. Il est l'adversaire digne d'eux, ennemi sans visage, éternel, perfide et mortel.
Et dans cette beauté arride, dans ce son éternel de la nature, les soupirs du vent, le clapottement des vagues, le sifflement de la vapeur, l'interminable grondement d'une cascade ; l'homme est largement absent. De temps en temps, d'intimes esquisses de la vie humaine. Une ferme, un pêcheur, une église, qui ne font, en fait, qu'accentuer ce vide écrasant. Ce silence assourdissant. Et parallèlement à ce silence se fait jour le soupçon que ce silence est si total, si fort, si grand et si profond que c'est autre chose que du silence.
Je ne sais pas ce que je suis venue chercher en Islande mais j'ai trouvé une détresse extrême de me retrouver face à moi-même.
Bí, bí og blaka álftirnar kvaka. Ég læt sem ég sofi en samt mun ég vaka. Bíum, bíum, bamba, börnin litlu ramba fram á fjallakamba ad leita sér lamba.
Bye, Bye & hushabye, Can you see the swans fly? Now half asleep in bed I lie, Awake with half an eye. Heyho & welladay, Over hills & far away, That's where the little children stray To find the lambs at play
(poème islandais) ***
Melissa habite avenue Jeanne.
Et a perdu son chat. Frida.