Pierre Reverdy – Chair vive (1945)

Par Stéphane Chabrières @schabrieres

Lève-toi carcasse et marche
rien de neuf sous le soleil jaune
Le der des der des louis d’or
La lumière qui se détache
Sous les pellicules du temps
La serrure du coeur qui éclate
Un fil de soie
Un fil de plomb
Un fil de sang
Après ces vagues de silence
Ces signes d’amour au crin noir
Le ciel plus lisse que ton oeil
Le cou tordu d’orgueil
Ma vie dans la coulisse
D’où je vois onduler les moissons de la mort
Toutes ces mains avides qui pétrissent des boules de fumée
Plus lourdes que les piliers de l’univers
Têtes vides
Coeurs nus
Mains parfumées
Tentacules des singes qui visent les nuées
Dans les rides de ces grimaces
Une ligne droite se tend
Un nerf se tord
La mer repue
L’amour
L’amer sourire de la mort

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Pierre Reverdy (1889-1960)Plupart du temps (1945)