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Prisonniers-Chapitre 3

Publié le 28 avril 2008 par Swanie

Troisième et dernier chapitre- attention la fin est supra-noire
".............J’ai tellement envie de m’en sortir, de me libérer enfin de ce cri intérieur persistant qui me déchire, de ce vide qui me remplit, de cette torpeur qui m’abrutit d’heure en heure, mais je n’y arrive pas. Ils me retiennent prisonnier entre leurs griffes trop longues, leurs tentacules trop tenaces, leurs barreaux trop solides. Je ne pourrais peut-être jamais m’en libérer, à moins d’en terminer avec eux en mettant fin à tout, à ma vie, à ma souffrance, à mon calvaire. Ils mourront avec moi, pour m’accompagner jusque dans la tombe, dans le silence et l’obscurité. On fêtera ensemble, tous les quatre, moi, mon cri intérieur, mon vide et ma torpeur, la libération finale de ce long périple de luttes et de défaites récurrentes qu’a été ma vie. Peut-être bien que je suis devenu trop vieux et trop fatigué pour continuer à lutter contre eux, mais toujours en leur compagnie, pour continuer à essayer de leur tenir tête sans jamais y réussir, pour continuer à assumer mes défaites répétées pour me retrouver à chaque fois sur la paille, comme de coutume, je suis je devenu  trop vieux, trop rongé, trop déchiqueté par eux justement, je ne sens plus la force de continuer ce périple qui me semble tellement interminable et sans finalité, sans but. Je n’ai plus la force de lutter, je n’ai plus le courage de continuer.......................

Que je sois ici, coincé sur cette saloperie de chaise en bois, dans cette chambre merdique salement claire ou que je sois dehors en train d’errer, de déambuler dehors dans ces dédales de couloirs blancs, froids et vides, ce sera de toute façon la même chose. Je crois que je serai toujours prisonnier de cette même détresse, cette même angoisse, ces mêmes cris intérieurs qui sortiront du plus profond de mon Moi sans que je puisse avoir aucune emprise sur eux, de ce même vide grandissant, de cette même torpeur mentale qui me ramollira de jour en jour, car rien ne changera pour moi, ni moi ne changerai totalement pour eux. Je resterai toujours le même, eux ils resteront toujours fidèles à eux-mêmes, toujours aussi envahissants, toujours aussi transperçants, toujours aussi imprégnants. Que je sois ici ou dehors ou ailleurs encore, je serai toujours prisonnier. Prisonnier d’eux, prisonnier de moi-même. Nos sommes faits pour vivre ensemble, nous sommes liés par des liens invisibles mais tellement solides qui ne pourront jamais être rompus. À force de m’envahir, de me transpercer, de me déchirer, de m’engloutir et de m’engourdir, ils, les cris intérieurs, le vide et la torpeur, ont fini par devenir partie intégrante de mon cerveau, de mon esprit, de ma conscience, de mon inconscient et de mon subconscient. Ils sont devenus moi. Mon Moi tout entier est désormais ou alors depuis toujours, formé de cris stridents, de vide et de torpeur. Je n’en avais juste pas conscience de leur existence, je n’avais tout simplement pas été assez clairvoyant pour voir qu’en fait, ils ne m’envahissent pas, mais que moi, c’est eux, et ils sont en moi. Ils sont moi. Nous n’en faisons plus qu’un seul. Un ensemble unique et indissociable. Je ne m’en apercevais pas, c’est tout. Mais maintenant que j’en ai conscience, comment me débarrasser de ce Moi, de tous ces éléments ignobles qui constituent mon essence même ? Me libérer cette prison intérieure que je me suis moi-même construit, jour après jour, de cette prison dont j’ai été le principal instigateur, celui qui a lui-même forgé les barreaux tellement solides qu’il lui est désormais impossible de les briser. Je ne vois rien d’autre à faire que de me libérer de ma vie tout simplement. Pour sortir de ce dédale psychique, de ce labyrinthe mental, de cette prison existentielle. Je ne vois plus qu’une solution, celle qui est la plus logique, la plus réalisable, la plus intelligente, pour me sortir de là, c’est d’en finir. Oui, c’est cela même, je dois en finir avec toutes ces conneries qui ont jalonné ma vie, qui comme des briques sont venue s’empiler les unes sur les autres afin de constituer ces quatre murs de ma prison intérieure. Et je n’ai pas été assez intelligent pour me ménager une porte de sortie. Je me retrouve prisonnier de mon propre être, de mon propre moi. Pour me sortir de tout ça, rien de plus facile, fermer les yeux et se laisser partir doucement, lentement, s’éteindre comme une lampe à l’huile qui n’a plus d’huile. M’en aller à travers les champs fleuris de la solitude, me laisser atteindre par l’obscurité, que cela doit être reposant après cette lumière immensément agressive de cette maudite chambre. Éteindre toutes les lumières qui peuvent alimenter la conscience, qui blessent,  qui engendrent les cris stridents, le vide et la torpeur, toujours eux. Être libre, enfin, léger comme un souffle, comme une ombre qui plane. Rien de plus délicieux, rien de plus savoureux que de retrouver sa liberté ou plutôt de découvrir la liberté tant convoitée de l’esprit, de l’âme. Se libérer des cris, du vide, de la torpeur. Être libre. Enfin. Fermons les yeux. Faire ses derniers adieux au monde. Planer au-dessus des ombres, des angoisses, des détresses qui ont constitué ma vie. Dire adieu à tout ça. Faire fi de tous ces cris intérieurs. Rire au nez du vide. Me moquer de la torpeur. Partir en paix. Retrouver la paix. Sentir cette extraordinaire sensation de légèreté. M’envoler vers l’infini. Mourir enfin. Être libre."


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