La question fondamentale qui se pose aujourd'hui aux autorités d'un grand nombre de pays en développement surtout ceux assez endettés vis-à-vis de l'extérieur, est la suivante : comment assurer une croissance économique tout en rétablissant une balance des paiements viable et un accès normal aux sources de financement extérieur dans un environnement international empreint de nombreuses incertitudes.
Certains pays ont voulu différer pendant quelques temps le réaménagement nécessaire de leurs politiques économiques en empruntant à l'extérieur, en utilisant leurs réserves de change ou en imposant des restrictions administratives aux importations des biens et services. Cette stratégie de report à un coût élevé en termes de croissance et d'endettement surtout si les sources de financement seront taries.
La réduction du déséquilibre extérieur généralement sur recommandations des plans d'ajustement structurels, s'est alors opérée d'une manière brutale et automatique dans des conditions toujours dommageables pour l'économie, souvent difficiles à supporter sur le plan social (austérité budgétaire et corruption) et politique (perte de la souveraineté).
S'il est vrai qu'un pays ne peut pas se soustraire longtemps à la nécessité de réduire son déséquilibre extérieur, la manière avec laquelle il effectue cette réduction est cruciale du point de vue de la croissance économique et de la répartition des revenus. De ce fait, un rééquilibrage de la balance des paiements avec réduction du déséquilibre extérieure peut servir la croissance.
Il n'y a plus de " recettes type " de politique économique qui soit efficace pour tous les pays. Les pays sont trop différents sur le triple plan économique, politique et institutionnel pour qu'une approche unique et mécanique puisse réussir.
Pour la Tunisie, une réorientation de la politique économique s'impose surtout que le modèle économique actuelle ne cadre pas avec les objectifs assignés au gouvernement de transition en matière de création de l'emploi et la maitrise du pouvoir d'achat.
L'agence de notation Standard and Poor's a abaissé de deux crans la note de la dette à long terme de la Tunisie à "BB", reléguant ainsi le pays dans la catégorie des emprunteurs spéculatifs. Cette dégradation quoique importante en termes d'effet d'annonce, ne semble pas assez déterminante tant sur le plan économique que sur le plan politique car d'une part la dette privée ne représente que 30% du total de la dette extérieure tunisienne et qu'à ce titre, les effets de la dégradation seront assez limités et d'autre part, la Tunisie bénéfice d'une contre-garantie américaine (USAID) qui permet un accès sur les marchés internationaux (obligataires) certes facile mais plafonné et limité dans le temps et avec un spread tolérable. Une première utilisation de cet instrument a eu lieu en juillet 2012 où la Tunisie a réussi à lever 485 millions de dollars par le biais d'une émission obligataire. C'est un emprunt à sept ans adossé sur une garantie de remboursement de l'Etat américain de 100% sur le principal et les intérêts.
Le taux de l'émission comme le précice le Trésor américain s'est établi à 1,686%. Ce taux très avantageux a été rendu possible par la garantie des Etats-Unis, qui bénéficient de la note de solvabilité maximale ("AAA") auprès de deux des trois grandes agences de notation, et dont les taux d'emprunt sont parmi les plus bas du monde.
Afin de redresser la situation économique surtout avec une nouvelle donne non moins importante, à savoir l'expansionnisme budgétaire avec un déficit prévu de 6.5%, un recadrage de la politique économique autour de certaines mesures de stabilisation et des mesures structurelles, me semble appropriée:
1- Une politique structurelle qui influence indirectement le niveau de la production courante et le potentiel de production.
2- des mesures d'accompagnement (politique fiscale rigoureuse, politique monétaire accommodante et une politique de change beaucoup plus flexible pour amortir les chocs)
Loin des ambitions des partis politiques, ce papier constitue un effort personnel qui essaye de tracer les contours d'une politique économique à composante sociale qui va de pair avec les réalités et les défis auxquels fait face la Tunisie post-révolution.
I- PREALABLES
- Il faut prmouvoir la souveraineté financière du pays pour relancer l'économie à un rythme soutenable. Cela suppose le renforcement de la compétitivité, le renouvellement du modèle social
- il faut affirmer l'autorité de la République face à la violence et aux pressions de ceux qui veulent faire passer leurs règles avant celle de la république
- l'adhésion franche de toutes les composantes vives de la société autour d'un projet unique bénéficiant d'un consensus populaire. D'ailleurs, je ne crois pas que cette deuxième phase de transition sera la plus idoine pour redonner éspoir à l'économie nationale du moins pour les carences enregistrés au niveau des 3 pré-requis que vient d'évoquer.
Dans ces conditions difficiles, il y'a deux choix : soit veiller aux équilibres macroéconomiques standards et se lancer dans une politique d'austérité, soit poursuivre une politique budgétaire de relance. La première consiste à tailler les dépenses en particulier sociales et de compensation tout en réduisant les déficits, alors que la seconde consiste à creuser les déficits tout en augmentant les dépenses.
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