L’apparition d’internet avait bouleversé le panorama des médias. Des milliers d’articles ont pu être consulté gratuitement. Cet outil a également transformé le métier de journaliste. La rapidité et l’immédiateté ont parfois raison de la qualité de l’information. Elle est devenue un objet de consommation comme un autre. On l’a consomme comme on consommerai de la musique ou un film. En France, le Monde a été le premier quotidien d’envergure a lancé sa plateforme web en 1995. Le site d’information de ce journal est aujourd’hui le seul en France à jouir d’une véritable rentabilité.
Certains reprochent à internet de publier des contenus uniformes. Des informations de premier ordre proposées par les agences de presse sont reprises par des dizaines de supports médiatiques. Cette réalité n’empêche pas le secteur des médias en ligne d’être en croissance. Beaucoup de médias choisissent ce mode de développement pour assurer leur avenir dans un secteur ravagé par la crise économique Certaines rédactions comme Newsweek ont préféré garantir leur tournant numérique par un investissement massif dans le web 2.0 quitte à sacrifier leur version papier. Celle de Newsweek a cessé de paraître en décembre 2012.
La réussite ne se fait pas sans douleur. Des journaux emblématiques comme le New York Times et le Washington Post ne sont pas épargnés. Suite à une baisse du lectorat et de leurs recettes publicitaires, ces quotidiens de références investissent très largement dans leurs sites internet. Les abonnements en ligne ne cessent de croître alors que les versions papiers ne trouvent plus leur public. Ce tournant numérique s’est fait par la revente de ces médias à des grands groupes de presse.
Quand James Bezos se lance dans la presse numérique
Le patron D’Amazon 19ème fortune du monde selon le Magazine Fortune a racheté le Washington Post pour 250 millions de dollars. Cette annonce prouve que le secteur des médias américain est gravement touché par la crise. Cet événement pose aussi des questions. Des conflits d’intérêts pourraient survenir si un journaliste du Washington Post s’intéressait de trop près aux dérives potentielles d’Amazon. Selon James Bezos, les valeurs historiques de ce quotidien seront respectées et survivront à la faille Graham.
Le groupe Washington Post a annoncé cette nouvelle le lundi 5 août 2013. Fondé par la famille Graham en 1877, il a été l’un des instigateurs de la révélation du scandale du Watergate. Cette affaire avait déclenché la démission du président Nixon. Après quatre générations successives, les Meyer-Graham se sont résolus à vendre suite aux pertes financières que leur groupe de presse a connues ses dernières décennies. Donald Graham justifie cette décision ainsi : Nous étions certains que le journal survivrait en notre possession, mais nous voulions plus. Nous voulions qu’il ait du succès" (source France Info).
Le New York Times fait peau neuve
Le 15 octobre prochain, The International Herald Tribune deviendra le New York Times. Cet autre quotidien de référence cherche à se renouveler et à unifier son image de marque. The international Herald Tribune peut se targuer d’avoir un lectorat toujours plus important. En Europe, il est considéré comme un média international renommé prisé par un public soucieux de lire de l’information dont la qualité est reconnue et avérée. Ce recentrage se fait également sur la version web. Cette interface avec le monde sera construite entre New- York, Paris Londres et Hong Kong. Ce développement en ligne est soutenu par une croissance exponentielle du nombre des abonnements payants + 35% en juin 2012. Dick Stevenson, le directeur de la rédaction Europe affirme que cette augmentation participe pleinement au tournant numérique du New York Times.
Et Newsweek alors ?
Samedi 3 août Newsweek a créé l’événement. Ce news magazine célèbre pour avoir révéler l’affaire Snowden a rendu effectif son rachat par le groupe de média en ligne américain IBT. Il rachète ainsi toutes les activités éditoriales en ligne mais ne s’attaque pas au site d’information lui-même. Jusqu’ici les news magazines étaient plutôt épargnés par la crise. La concurrence accrue et le coût de production des enquêtes expliquent en partie le recul de ces médias hebdomadaires. Newsweek propose des enquêtes fouillées et des analyses complètes sur des thèmes de société. Ses unes parfois provocatrices ont fait le tour du monde et posent de vraies questions. Elles montrent aussi parfois la division de l’opinion américaine sur la guerre en Irak. Il a joué un rôle dans le suivi de l’affaire Assange et Bradley Manning. Son but provoquer pour informer et faire réagir ses lecteurs. Ce positionnement professionnel ne suffit pas à l’heure où la plupart des citoyens et consommateurs s’informent via le web.
Le rachat du Washington Post, du New York Times et de Newsweeks prouvent que les médias de référence subissent de plein fouet la crise et éprouvent de nombreuses difficultés pour trouver leur public. Les différentes refontes qu’ils ont connues n’ont pas suffi à les maintenir à flots. De gros investisseurs comme James Bezos, patron d’Amazon sont intervenus pour amorcer un tournant web historique. A terme, ce choix remettra en cause l’existence même des rédactions papiers et met en péril le journalisme traditionnel.
Internet reste un outil de développement nécessaire pour que ces médias subsistent mais n’empêchent pas non plus une transformation du processus de production de l’information. Si le temps c’est de l’argent, on peut aussi considérer qu’une information bien vérifiée vaut de l’or.
Jessica Staffe