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Les Damnés- La lignée des Petrova- Chapitres 2 et 3

Par Artemissia Gold @SongeD1NuitDete

Petite note: Je vous mets deux chapitres d’un coup cette fois encore car ces derniers étaient plutôt courts ;)

Chapitre 2 

Ils arrivèrent aux portes du village quelques semaines plus tard, profitant du temps plus clément pour parcourir les quelques lieux qui séparaient la capitale de cette contrée isolée.  Un soudain redoux avait fait fondre la neige accumulée depuis des jours et avait rendu les routes boueuses et difficilement praticables. Fidèle à lui-même, Klaus avait tout au long du chemin intempestivement manifesté  sa mauvaise humeur en  râlant  contre à peu près tout ce qui l’entourait jusqu’à la couleur de son  cheval qui l’incommodait sans qu’Elijah en comprenne vraiment la raison. Après avoir listé les supplices qu’il ferait subir à ceux qu’il jugeait responsables de sa présence dans un pays où il s’était juré de ne plus remettre les pieds, le vampire s’était subitement tu en approchant du village. Elijah ne put s’empêcher de soupirer de soulagement et de lever les yeux au ciel comme pour remercier Dieu de lui envoyer cette accalmie inespérée même s’il le savait pertinemment elle serait, connaissant son frère, de courte durée.

-Nous y sommes, annonça soudain Elijah.

Klaus lança un regard dubitatif à son aîné :

- Que diable sont-ils venus faire dans ce trou perdu ? Tu es sûr des informations données par tes sorcières ? interrogea-t-il avec une moue de dégoût devant les modestes chaumières aux murs et aux clôtures noircies et abîmées par le temps  qui bordaient la route qui conduisait au village.

- Elles les ont localisés ici.

- Maudits soient nos frères d’avoir réveillé cet espèce de…, pesta Klaus entre ses dents.

Les deux vampires s’engouffrèrent dans les rues étroites du village où s’amassaient une foule de plus en plus dense. Profitant du premier rayon de soleil depuis des semaines, les villageois semblaient, à l’image des deux cavaliers, converger vers la place du village animée par une troupe de saltimbanques et musiciens itinérants. Lorsqu’ils débouchèrent sur cette dernière, Klaus ne put réprimer un grognement de contrariété tant l’endroit ressemblait au village de leur enfance. Il s’apprêtait à nouveau à manifester sa mauvaise humeur quand la main  d’Elijah lui passa sous le nez pour désigner à sa droite l’entrée d’une taverne. Tant bien que mal, ils se frayèrent un chemin jusqu’à l’établissement, descendirent de cheval et gravirent les quelques marches qui les séparaient de l’entrée en se faufilant, ou dans le cas de Klaus en poussant ceux qui se trouvaient sur son passage.

Grâce à  cette technique pleine de tact, Klaus arriva le premier  sur le seuil et  il eut juste le temps  d’écarter un geste vif son aîné en voyant débouler devant lui deux hommes qui vinrent  chuter brutalement à leurs pieds. L’un d’eux se releva plus prestement que l’autre et profita de ce léger avantage pour agripper son adversaire par le col pour le contraindre à se relever avant de le frapper à nouveau à la mâchoire. Celui-ci retomba brutalement au bas des marches avant d’être rejoint par son agresseur, qui en juger par l’état de son visage et par le sang qui maculait ses cheveux blonds, avait dû lui aussi recevoir son lot de coups.

Les deux frères regardèrent impassibles les deux hommes se vautrer lamentablement dans la boue, encerclés par une foule de badauds hurlants et excités par le spectacle. Vite lassé par cette scène pitoyable, Klaus se détourna et s’apprêtait à pénétrer à l’intérieur de la taverne lorsqu’il se sentit retenu par le bras par Elijah qui ne quittait pas les deux hommes des yeux.

- Viktor et nos frères ne sont pas ici pour la pierre comme on le pensait, annonça –t-il sur un ton énigmatique qui fit froncer les sourcils de Klaus.

Il suivit le regard de son frère qui se portait vers un homme de grande taille à la stature imposante qui fendait la foule pour rejoindre les deux combattants. Arrivé au centre de l’arène improvisée, créée par les curieux, l’homme s’interposa entre les deux garçons avant d’agripper le plus jeune par le col pour l’obliger à lui faire face. Elijah le reconnut aussitôt malgré sa chevelure ébène striée de blanc et ses traits marqués par les années et les soucis accumulés. Sa voix grave couvrit le tumulte de l’attroupement et parvint comme une claque jusqu’aux oreilles de Klaus :

-  Ivan ! Ça suffit ! , lui hurla-t-il en maîtrisant son fils alors que celui-ci tentait de se défaire de l’emprise paternelle pour fondre à nouveau sur son adversaire.

Le père et le fils s’affrontèrent du regard un temps qui parut une éternité aux yeux de l’assistance à la fois fébrile et désireuse de voir les choses s’envenimer davantage. Leurs visages crispés par la colère annonçant le pire. Ivan écarta brutalement les bras qui le maintenaient avant de renoncer à une quelconque riposte et de disparaître dans la foule qu’il écarta avec des gestes rageurs.

 Les deux frères restèrent abasourdis un moment avant de retrouver l’usage de la parole et ce fut Klaus qui analysa le mieux la situation à ce moment là :

- Nom de Dieu…, lâcha-t-il avec finesse et à propos.

- Par tous les diables, je dirais plutôt, corrigea Elijah sur le visage duquel s’était dessiné un rictus moqueur. C’est ton portrait tout craché, tu ne trouves pas ?

Son sourire s’effaça aussitôt devant le visage fermé et le regard noir que Klaus lui lança alors. Conscient d’avoir commis une maladresse, Elijah, penaud, se mordit la lèvre et voulut s’excuser mais le vampire, troublé par cette apparition inattendue, disparût  l’intérieur de la taverne en le laissant en plan sur le perron.

Le visage crispé et visiblement accablé, Milan était resté immobile au milieu de la ronde de spectateurs qui se disloquait peu à peu. Il suivit du regard la silhouette de son fils jusqu’à ce que cette dernière disparaisse dans une ruelle.

- Bonjour Milan.

Cette voix surgit subitement du passé le fit tressaillir. Il se retourna vivement vers le vampire et le dévisagea un instant ne sachant pas s’il devait se réjouir ou s’inquiéter de sa présence dans le village. Il ne fut pas long à trancher :

- Par pitié … pas lui, lâcha-t-il finalement en suivant le regard d’Elijah vers l’entrée de la taverne par laquelle était réapparue la silhouette de Klaus.

Chapitre 3

A quelques lieux de là, Noura était encore loin de se douter que les fantômes de son passé étaient en train de sortir les uns après les autres de l’ombre. Pour le moment, elle regardait celles du crépuscule envahir sa chambre avec une inquiétude grandissante. Milan était parti à la recherche d’Ivan depuis des heures et ni l’un ni l’autre n’était réapparu. Depuis cette phrase malheureuse lâchée par son père, Ivan quittait de plus en plus souvent la maison sans prévenir et surtout de plus en plus longtemps. Chacune de ses absences était source d’angoisse pour la famille qui ne redoutait qu’une chose : c’était que l’une des inévitables bagarres qu’il provoquait à longueur de temps finisse par lui couter la vie ou qu’il ne déclenche la malédiction héritée de Klaus.

A cette idée, Noura se crispa et ferma les yeux pour tacher de chasser ces perspectives de son esprit. Mais il lui fallait bien admettre que plus le temps passait plus l’attitude d’Ivan la révoltait et qu’elle avait désormais de plus en plus de mal à lui trouver des excuses. Elle ne reconnaissait plus dans ce jeune homme constamment révolté et arrogant, le jeune garçon grave et soucieux de bien faire qu’il avait été.  Tout avait basculé ce jour où il avait voulu savoir la vérité sur l’histoire de la famille et sur ses origines. Cette vérité dissimulée trop longtemps et qu’il considérait comme une véritable trahison de la part de Milan et Noura, il n’avait jamais cessé depuis lors de la leur faire payer. Il s’éloignait peu à peu d’eux et Noura le savait pertinemment : tôt ou tard il finirait par partir définitivement. Elle avait bien cru que ce jour était arrivé quelques semaines plus tôt et il avait fallu toute la patience et l’empathie de sa sœur pour le convaincre de rester. Mais pour combien de temps ?

Un frisson la parcourut soudain. Noura resserra son châle autour de ses épaules et se détacha de sa contemplation stérile de la campagne morne et froide qui s’étendait devant sa fenêtre pour jeter quelques bûches sur les braises mourantes de la cheminée. Accroupie devant l’âtre, elle s’efforçait vainement de raviver les flammes lorsque ces dernières reprirent une activité si soudaine que Noura recula vivement et, déséquilibrée, tomba sur le derrière.

- Nom d’un chien Noah ! Tu veux ma mort ! s’exclama-t-elle à l’adresse du jeune homme qui se dirigeait vers elle, un sourire narquois sur les lèvres.

- Je voulais t’aider, répondit-il en la soulevant par les aisselles pour l’aider à se relever.

- Je t’ai déjà dit de ne pas utiliser la magie dans cette maison, le réprimanda-t-elle.

- Ce n’est pas parce que tu fais vœu d’abstinence que je dois en faire autant, reprit-il sur un ton doucereux en l’enlaçant par la taille.

Noura lui lança un regard noir pour toute réponse et préféra détourner la conversation pour ne pas se laisser entrainer sur ce sujet qui les divisait immanquablement et qu’elle n’avait ce soir là aucune envie d’aborder.

- Comment es-tu entré ? demanda-t-elle soudain soupçonneuse.

- Difficilement je dois l’avouer. J’ai dû vaincre un cerbère redoutable et… enceinte qui plus est, plaisanta-t-il en l’attirant un peu plus à lui.

Noura se raidit à ce contact et se dégagea, mal à l’aise devant les gestes de plus en plus entreprenants de cet homme qui avait fait irruption dans sa vie deux mois auparavant.

Elle l’avait trouvé  un matin sur le bas de leur porte soutenant Ivan ivre mort. Il était apparu comme un homme charmant et avenant avec un humour sarcastique qui lui rappelait celui d’Anton dont ils étaient sans nouvelles depuis des mois. Elle avait apprécié la manière habile dont il avait désamorcé le conflit qui avait inévitablement suivi entre le père et le fils, et le fait qu’il soit revenu quelques jours plus tard pour s’enquérir de la santé d’Ivan. Si Noura avait su à ce moment-là que cet homme si prévenant était entièrement responsable de l’état dans lequel son neveu s’était trouvé, elle n’aurait pas été aussi prompte à lui ouvrir sa porte.

- Ce n’est pas en la traitant de cette manière que tu vas t’attirer les bonnes grâces de Maïa, reprit Noura en faisant mine d’entreprendre un rangement méticuleux des lieux pour  instaurer entre eux une distance raisonnable.

Noah suivit les gestes de la jeune femme avec amusement. Il n’était pas dupe de son manège: elle lui faisait le coup à chaque fois qu’il s’approchait de trop près. En temps normal, il aurait fait durer ce petit jeu du chat et de la souris  encore quelques semaines mais là le temps commençait à presser. Et surtout Viktor s’impatientait.  Il avait de plus en plus de mal à  convaincre l’originel d’attendre avant d’intervenir pour mettre définitivement fin à la lignée des Petrova.

Il devait bien reconnaître qu’il avait sous estimé Noura qui s’était avérée être beaucoup plus méfiante et retors qu’il ne l’avait cru au premier abord. Mais les déboires d’Ivan, qu’il encourageait ou provoquait en secret, avaient finalement amené  la jeune femme à se confier sur le passé familial qu’il connaissait pertinemment. Elle baissait peu à peu sa garde au fur et à mesure qu’il se montrait serviable et attentif à ses angoisses. Mais malheureusement pour lui, il n’était pas encore parvenu à lui arracher le secret qui l’intéressait le plus et pour lequel  il était allé jusqu’à s’allier à Viktor pour être certain de parvenir à ses fins.

Le visage du sorcier reprit soudain sa gravité en pensant à l’originel à qui il devait rendre des comptes le soir même sur l’avancée de son plan. Il s’approcha et saisit doucement le bras de Noura qui s’affairait inutilement pour l’obliger à lui faire face.

- Ce n’est pas les bonnes grâces de Maïa que je tente désespérément de m’attirer, reprit-il sur un ton doucereux en prenant son visage entre ses mains.

En voyant son visage s’approcher du sien, Noura se détourna au grand damne de Noah qui soupira bruyamment pour manifester son impatience face à ses refus répétés. La jeune femme ouvrit la bouche pour se justifier à nouveau lorsqu’un raclement de gorge provenant de la porte l’en exempta à son grand soulagement. Debout dans l’encadrement, Maïa regardait la scène avec une contrariété non dissimulée. Noah, qui ne cachait plus non plus l’animosité croissante qu’il ressentait envers la jeune femme, la fusilla du regard. Elle avait décidément un don pour intervenir aux pires moments et pour contrarier ses plans. Et il attendait désormais avec impatience le jour où Viktor lui ferait subir le même sort qu’à sa mère. Mais pour le moment, il était encore hors de question que le vampire s’en prenne à elle ou à un quelconque membre de la famille. Pas avant que Noura ne lui ait révélé ce qu’il voulait.

- Je suis désolée de vous déranger…. En fait non, je ne le suis pas, se corrigea-t-elle  en faisant mine de réfléchir intensément à la question. Quelqu’un t’attend dans le salon Noura.

- Qui est-ce ?

La jeune femme ignora la question et le regard interrogateur de sa tante pour adresser un sourire innocent, on ne  peut plus hypocrite, à Noah qui la dévisageait froidement. Renonçant à obtenir une réponse, Noura jeta un dernier coup d’œil à sa nièce, sur le visage de laquelle elle lut une certaine satisfaction, avant de sortir de la chambre et de disparaître dans le couloir pour voir d’elle-même de quoi il en retournait.

Elle s’engagea dans l’escalier intriguée par cette visite tardive qui ne semblait pas inquiéter Maïa outre mesure. Arrivée à mi-hauteur, elle se figea. Debout devant la fenêtre, une silhouette qu’elle aurait reconnue entre mille,  lui tournait encore le dos. Le cœur battant à tout rompre et les jambes tremblantes, elle poursuivit sa descente en tenant fermement la rampe pour ne pas risquer de dévaler  les marches restantes.

Lorsqu’il perçut son reflet dans la vitre, Elijah retint un moment sa respiration avant de se retourner. Sur le chemin, il avait élaboré, en homme organisé qui déteste les surprises, différentes hypothèses sur les réactions supposées de la jeune femme. Il considéra rapidement la première, dans laquelle il avait envisagé un accueil chaleureux et souriant, totalement  saugrenue et l’élimina rapidement. La seconde, beaucoup plus probable, mettait en scène une Noura furieuse qui lui ferait payer cher ses choix passés d’une manière assez expéditive. Le vampire avait également élaboré quelques variantes mais aucune d’elle n’avait prévu une Noura étrangement muette et encore moins suivie de près par un homme qu’Elijah détesta, comme il se doit, dès le premier coup d’œil.

Noura finit, au bout d’un temps infini, plombé par un silence oppressant,  par se décoller de la rampe pour avancer dans la pièce. A peine remise de la surprise de revoir celui qu’elle avait tenté désespérément de chasser de son esprit  depuis près de 15 ans, elle chercha tout aussi désespérément quelle attitude adopter face à lui.

- Comment nous as-tu retrouvés ? demanda-t-elle plus sèchement qu’elle aurait voulu en tentant de maîtriser les tremblements de sa voix.

- Je suis content de te revoir moi aussi, reprit-il, quelque peu refroidi par l’accueil, sur le même ton.

- Excuse-moi Elijah de ne pas sauter de joie quand je sais pertinemment que ta présence ici n’annonce certainement rien de bon.

En entendant le nom du visiteur, Noah se crispa aussitôt. C’était une visite surprise pour le moins contrariante.

- Il faut effectivement que je te parle à Maïa et à toi, admit Elijah en jetant un regard insistant à Noah pour lui signifier qu’il était temps qu’il débarrasse le plancher.

Mais le sorcier, qui s’était planté aux côtés de Noura comme pour faire front contre lui, n’avait pas l’intention de se laisser congédier sans savoir ce qui amenait le vampire. Même si la raison lui paraissait évidente. La nouvelle du  réveil de Viktor avait dû leur parvenir. Mais il lui fallait néanmoins s’assurer que sa présence n’allait pas compromettre leur plan.

- Je suis au courant de tout : Noura m’a raconté toute son histoire et celle de votre famille, expliqua-t-il pour justifier sa présence.

Stupéfait, Elijah lança un regard plein de reproches à Noura qui détourna la tête comme une enfant prise en faute.

- J’en suis ravi pour vous mais, là, en l’occurrence c’est avec Noura et Maïa que je souhaite m’entretenir, trancha le vampire de plus en plus contrarié.

Noura interrompit rapidement l’affrontement silencieux qui s’en suivit et qui comblait visiblement Maïa venue s’installer aux premières loges en se lovant confortablement dans un fauteuil près du trio.

- Laisse-nous Noah. Je te verrai demain, lui demanda Noura de plus en plus embarrassée par la situation.

Noah obtempéra de mauvaise grâce sous le regard goguenard de Maïa qui poussa la provocation jusqu’au bout :

- On ne vous raccompagne  pas vous savez où est la sortie, lâcha-t-elle dans le dos du sorcier qui manifesta sa mauvaise humeur en claquant la porte.

Maïa laissa s’échapper un rire cristallin :

- Je ne me souviens plus vraiment de vous Elijah mais rien que pour ça je vous aime déjà, s’exclama-t-elle en ignorant le regard furibond de Noura.

- C’est réciproque Maïa, répondit le vampire en lui rendant son sourire.

Et effectivement, elle lui avait fait bonne impression dès qu’elle lui avait ouvert la porte. La manière franche et sans détour dont elle regardait les gens comme si elle cherchait à percer leurs pensées était désarmante et lui rappelait sa tante  quelques années auparavant alors qu’elle n’était presque encore qu’une enfant. Mais là où Noura parlait souvent à tort et à travers de manière irréfléchie sans se préoccuper des conséquences, Elijah  avait rapidement pu se rendre compte au cours de leur bref échange que chacune de ses paroles était soigneusement choisie et murement réfléchie.

- Viens-en au fait. Que fais-tu ici ?, intervint Noura, agacée par cette complicité qui s’exerçait à ses dépends.

Elijah reprit son sérieux et, lui aussi  irrité par le ton qu’elle employait depuis son arrivée, répondit sans ambages :

- Nos frères ont découvert où nous avions dissimulé le corps de Viktor et lui ont ôté la dague. Et ils sont ici.

Stupéfaites, les deux femmes s’échangèrent des regards  horrifiés. Incapable sur le moment de prononcer la moindre parole, Noura se laissa tomber dans le fauteuil derrière elle et se prit la tête entre les mains en proie à une angoisse incontrôlable :

- Dites-moi que ça ne va pas recommencer…, murmura-t-elle d’une voix étranglée.

- Nous avons été prévus quand le sort qui protégeait l’entrée de la grotte a été levé. Des sorcières  les ont localisés ici mais nous étions persuadés qu’ils étaient là pour la pierre de lune. Nous  ne nous attendions pas à tomber sur Milan, expliqua Elijah que la détresse de la jeune femme avait légèrement apaisé.

-  « Nous » ?, s’exclama Noura en relevant brusquement la tête. Dois-je comprendre que Klaus est ici également ?

Devant l’embarras soudain du vampire qui ne faisait que confirmer ce qu’elle craignait, Noura se releva d’un bond.

- Dis-moi que je rêve ! Alors d’abord vous laissez Viktor à la portée de n’importe lequel de tes débiles de frères au lieu de le jeter à la mer et maintenant Klaus que tu amènes ici avec toi…. Tu nous apportes d’autres bonnes nouvelles de ce genre ? s’emporta-t-elle.

- Noura calme-toi… , intervint Maïa en posant une main sur le bras de sa tante dans un geste d’apaisement même si, elle-même, ne pouvait s’empêcher de trembler à l’idée de savoir ces deux hommes dans les parages.

Excédée, Noura se détourna et se passa une main tremblante sur le visage pour tacher de recouvrer ses esprits.

- Il n’est pas dans l’intérêt de Klaus de s’en prendre à votre famille. Vous n’avez rien à craindre de lui, il a toujours besoin de vous, reprit Elijah dans une vaine tentative pour rassurer les jeunes femmes.

Noura se retourna à nouveau vers lui pour le dévisager froidement :

- C’est de Maïa dont il a besoin. Qu’est-ce qui l’empêchera de s’en prendre à Ivan ou Milan,  ou tout simplement de mettre une pagaille monstre dans ma famille comme à son habitude ? Et d’ailleurs où est-il ? fulmina-t-elle avec de grands gestes qui  fit un instant craindre au vampire quelques représailles incontrôlées dont elle avait le secret.

Elijah considéra un moment la question et évalua ses chances de survie lorsqu’elle saurait la vérité. Mais d’un autre côté, il voyait très mal comment il pouvait la lui cacher.

- Klaus est parti….avec Milan, hésita-t-il. A la recherche d’Ivan…

Devant les deux paires d’yeux écarquillés qui le dévisageaient alors, le vampire se lança dans une longue et laborieuse explication des événements qui eurent lieu quelques heures auparavant et qui avaient conduit à cet improbable duo.


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