La demande mondiale de riz progresse, en raison de la croissance démographique, surtout en Asie, du développement des villes et du changement des habitudes alimentaires en Afrique. Pendant ce temps, l’offre mondiale de riz baisse, à cause d’une réduction des superficies en riz au profit d’autres cultures (biocarburants, bois,...) et les changements climatiques entraînant les sécheresses et les inondations.
Malgré un potentiel de production immense, les importations de riz en Afrique représentent un tiers de la quantité totale de riz commercialisé sur le marché mondial. Toutefois, de nombreux efforts sont faits par les pays africains pour intensifier la culture du riz, afin de répondre aux besoins croissants des populations. C’est le cas par exemple, de la Stratégie nationale de développement de la riziculture (SNDR) au Burkina qui a pour objectif global, de contribuer à une augmentation durable de la production nationale de riz en quantité et en qualité, afin de satisfaire aux besoins et exigences des consommateurs. Cependant, en dépit de ces actions, la consommation du riz au Burkina est en constante augmentation, alors que la production nationale de riz ne couvre à peine que 47% des besoins de la population. La contribution de la filière à la croissance économique reste encore très modeste. La valeur ajoutée de la filière riz local est estimée à 8 milliards de FCFA (soit 0,31% du PIB) dont 6 milliards de FCFA environ proviennentt de la production. Paradoxalement, le potentiel du Burkina est tel qu’il peut nourrir tous les Burkinabè et même permettre une exportation de riz dans les autres pays. En effet, le Burkina dispose d’un fort potentiel non encore exploité dans le domaine de la riziculture. Environ 600000 ha de bas-fonds aménageables dont environ 10%(soit 60.000ha) sont aujourd’hui aménagés et plus de 233 500 ha irrigables dont moins de 5% sont actuellement mis en valeur. Des études ont donc montré que l’aménagement supplémentaire de 120 000 Ha permettra l’autosuffisance du Burkina. Toutefois, il ne suffit pas de produire, mais il faut arriver à prendre les mesures nécessaires pour que le riz produit localement soit accessible au Burkinabè moyen. Car bien qu’apprécié des consommateurs nationaux, le riz produit localement fait face à un contexte social caractérisé par la pauvreté. La grande taille des ménages et la faiblesse des revenus monétaires conduisent les populations à s’orienter vers la consommation du riz importé. La demande nationale de riz en 2018 pourrait atteindre 466.000 tonnes de riz usiné, au regard de l’évolution de la population et de la consommation nationale de riz estimée à 25kg/an/personne. C’est pourquoi, il faut taxer le riz importé d’Asie, et avoir le courage de subventionner les producteurs locaux. En outre, il est important de sécuriser la production par la résolution des problèmes fonciers. Quand on sait que le Burkina dépense près de 45 milliards FCFA/an pour importer du riz, il faut se dire qu’une telle stratégie ne ferait que du bien à l’économie du « pays des hommes intègres ». En conclusion, les défis majeurs auxquels la riziculture burkinabè doit impérativement relever sont entre autres, l’accroissement et l’intensification de la production nationale de riz, la sécurisation foncière des exploitations, la gestion efficace des questions transfrontalières (eau, circulation d’intrants), ainsi que le développement de la recherche-action et de la vulgarisation.
Raphaël KAFANDO