BLUES-ROCK - Eric Clapton accuse 45 ans de carrière, des débuts dans les Yardbirds à sa carrière solo , sans parler des nombreuses tournées seul ou avec des légendes, tel Jimmy Page, Jeff Beck, Mark Knoepfler , Roger Waters, Buddy Guy, et j’en passe. Le magazine Rolling Stone l’a classé deuxième guitariste de tous les temps, et son surnom Slowhand (titre d’un album mythique) est donné bien ironiquement. Mais LE Eric Clapton, avec ce vingtième album studio pouvant se traduire par « vieille chaussette », et son air de vacancier sur la pochette est-il toujours digne de la réputation du grand maître ?
Avec son look de retraité en vacances, le nom de son disque, Eric Clapton veut paraitre tranquille, faisant ses soixante-huit ans. Il n’a plus rien à prouver. Et disons-le franchement, c’est ce que confirme l’écoute du disque. Le précédant album, parti dans un délire jazzy, ne m’avait guère convaincu. Ici, Slowhand est vraiment slowhand, mais affectueusement. Tranquillement, le guitariste reprend quelques classiques à tout le monde, de Gary Moore à Gershwin en passant par Peter Tosh et Paul McCarthney. Ce dernier participe aussi au disque d’ailleurs, comme quelques autres guets stars (J.J. Cale, Taj Mahal).
Des reprises franchement sympathiques, mais presque toujours calmes à l’exception notable de "Gotta Get Over". Les styles musicaux très variés se croisent, du jazz, de la country ou du reggae en passant bien sûr par le Blues. Monsieur Clapton se lâche, fait ce qu’il lui chante, mais il le fait tellement bien qu’on le suit.
Par exemple, "Still got the Blues" est ici enregistré dans une version jazzy bien lente, guitare acoustique et ballets sur la batterie pour garder l’esprit calme et retenu. Et pourtant, cette relecture, bien différente de l’esprit de Gary Moore, est super agréable à écouter. Pareil pour "Your one and only Man" du grand chanteur soul Otis Redding, repris ici en reggae. Coté solo, rien d’impressionnant, juste du musical. L’intérêt subsiste tout le disque, malgré la douceur, les nuances assez douces, et sait garder son public. L’arrangement très varié du disque doit y être pour beaucoup.
Même si Eric Clapton est devenu Slowhand au sens propre, s’affichant comme un retraité tranquille, il nous donne aussi l’impression de n’avoir plus rien a prouver et pouvoir se faire plaisir, en voyageant d’un style à l’autre, toujours avec sa réputée maîtrise. Non, nous ne jetterons pas encore cette vieille chaussette qui a encore bien à donner à son public.