Laissez faire la vie, même quand elle mène vers la mort
L’acharnement thérapeutique
Raymond Viger Dossiers Santé, Suicide
Nous avons tous entendu des dictons philosophiques nous dire qu’il faut vivre cette journée comme si elle était la dernière. Mais combien d’entre-nous en avons vraiment pris conscience et décidé de l’assumer?
Lors de ma convalescence, j’ai vu passé plusieurs voisins de corridors et de chambres. Des gens hospitalisés pour des raisons tout aussi diverses les unes des autres.
Ma dernière coloc est une dame octogénaire. Elle a eu un terrible accident automobile. Elle ne peut bouger. Sans connaître l’exactitude de son dossier médical, sa colonne et ses hanches sont dans un sérieux état. Elle devra passer au-travers de plusieurs opérations.
S’ouvrir à ses proches
Cette honorable dame reçoit beaucoup de visiteurs. De vrais rassemblements familiaux. Malgré les chuchotement, j’ai compris qu’elle avait demandé à ne pas être réanimé si elle devait faire une crise cardiaque avant – pendant ou après une de ces opérations. Tous ses proches étaient au courant de la situation. Tout le monde savait que cette dame vivait peut-être sa dernière journée.
Les membres de sa famille se sont succédés. Pour lui dire combien elle avait été importante dans leur vie. Combien ils l’apprécie et combien ils sont touchés par cette éventualité de la perdre. Elle a pu toucher et serrer de ses mains ses enfants et ses petits-enfants. Une de ses petites-filles lui a récité un poême qu’elle avait écrit pour l’occasion.
Ne pas rester seul
Un rapprochement intense qui n’a pu se faire que par cette acceptation de partager avec nos proches ce que nous vivons et ce que nous traversons. Ce qui a permis à ses enfants de s’assurer que c’était bel et bien son souhait. Qu’elle pouvait changer d’idée à tout moment.
Une expérience qui porte à réfléchir sur notre relation avec nos proches. Un suicide est le geste d’arrêter la vie. Le suicide assisté est d’aider une personne dans son suicide. L’euthanasie est le geste porté pour tuer quelqu’un à sa demande. Mais comment appelle-t-on cela quand on ne force pas la vie à continuer et qu’on lui laisse le libre arbitre de décider de notre sort?
Si cela amène une réflexion ou un questionnement pour vous, n’hésitez pas à trouver des gens de confiance pour en parler. Vous pouvez aussi demander une aide professionnelle.
NB: Il fût une époque où le personnel médical inscrivait les lettres NTBR dans le dossier des patients dont il ne fallait pas s’acharner pour leur survie.
Ressources en prévention du suicide:
Pour le Québec: 1-866-APPELLE (277-3553). Site Internet. Les CLSC peuvent aussi vous aider.
La France: Infosuicide 01 45 39 40 00. SOS Suicide: 0 825 120 364 SOS Amitié: 0 820 066 056.