Magazine Côté Femmes

Tourbillon

Publié le 06 août 2013 par Mentalo @lafillementalo

Le tourbillon du soir s’est enfin apaisé. Je m’offre quelques instants de gourmandise, seule, sur la terrasse, dans la touffeur du soir. Par la fenêtre grande ouverte à l’étage, j’entends mon bébé qui peine à s’endormir, comme chaque soir. Au loin l’orage gronde, de l’autre côté les moissonneuses se dépêchent de finir leur harassant travail.

Je pense à ces photos de mon fils que m’envoie mon frère chaque jour, images d’un bonheur non feint entre cousins. Je le sais heureux et apaisé de ses angoisses pour quelques jours, parce que quelqu’un prend le temps de répondre à chacune de ses questions. Pourquoi la mer monte ? Et si elle continue de monter et que tout est plein d’eau on va faire comment, et si on se perd on va faire comment, et si les gens ils ne parlent pas français on va faire comment… Arriverai-je seulement un jour à trouver toutes les réponses?

Je regarde autour de moi le chantier en cours, reflet de ma vie : des montagnes déplacées, mais tant à faire encore. Le découragement me submerge un instant tandis que l’orage gronde un peu plus, roule et menace.

La Pili-Pili a rejoint son lit avec joie, comme chaque soir, son plus grand amour, après moi, évidemment. « Je t’aime comme la mer, comme les vagues, et puis aussi tout le sable. » Je pense à Pauline, à ces mots qui balaient tout.

Ne fait-on pas des enfants dans l’espoir fou d’aimer à la folie sans jamais se lasser, d’être aimé tel que l’on est, sans conditions ? Pour se guérir d’avoir mal aimé ou mal été aimée ? J’en suis là de cette réflexion sur cet amour qui dévore mais tient le cap quand tout tangue.

Un mail de Pauline m’attend, par la magie des hasards, et je lui transmets mes interrogations, juste comme ça, pour le plaisir de partager avec une belle âme, comme on confie une bouteille à la mer, au bon vouloir du ressac,  et qu’on n’est pas vraiment pressé de savoir.

Je n’ai pas de réponse. Là-haut Ultime a trouvé le sommeil et va dormir, apaisée, pour la première fois de sa courte vie, dix longues heures d’affilée, en émerger toute étonnée elle-même, les yeux ronds.

Je me secoue, il est temps de ranger, effacer les traces de vie pour recommencer demain une journée vierge à écrire, à construire à nouveau, tourbillon de la vie.

Il pleut.

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