Quand il était arrivé dans le quartier, il croisait aussi souvent vers seize heures, rue Chaptal, un long monsieur fatigué avec des lunettes noires, peut-être aveugle, qui marchait accoudé à une petite dame peinturlurée, des lunettes fantaisie sur le nez, et toujours habillée de façon criarde, presque clownesque. C'était la critique littéraire Françoise Xenakis et son fameux mari Iannis, mais bientôt il ne vit plus jamais que Françoise, sans jamais oser l'aborder.Il se fait que j'ai pas mal fréquenté Françoise Xenakis, généreuse avec le journaliste en herbe que j'étais alors, et que, du vivant de Iannis, j'avais été invité à manger un soir chez eux, où se trouvait aussi Mâkhi, leur fille - à l'époque plasticienne... en herbe. Et il me semble que réduire Françoise Xenakis à un rôle de critique littéraire est faire bien peu de cas (peut-être par ignorance) d'une oeuvre littéraire certes inégale mais dont la première partie mérite mieux que du respect. C'est un peu comme si je disais qu'Arnaud Viviant n'est pas écrivain mais "seulement" critique littéraire. Sinon que, dans son cas, c'est malheureusement vrai. Si vous ne me croyez pas (libre à vous, bien entendu), je vous envoie aux quinze premières pages du roman. Considérons que ce livre, à paraître la semaine prochaine, est un accident dans le programme d'un éditeur (Belfond) par ailleurs bourré de titres bien plus excitants, comme je vous le signalais il y a une quinzaine de jours.
Magazine Culture
Une rentrée littéraire, cela charrie tout et n'importe quoi. Le meilleur, j'ai commencé par là hier pour ne pas faire mauvaise impression, et le pire, nous y voici. Arnaud Viviant, critique littéraire, sort La vie critique. Ah! on va voir ce qu'on va voir. Et puis, non, il s'agit plutôt d'un collage de scènes approximatives, de jugements à l'emporte-pièce dans le genre de ceux qu'il assène au Masque et la plume. Devrait-il parler de son roman (un peu roman quand même, mais pas trop) dans cette émission qu'il serait amené, j'imagine, à la plus extrême sévérité.
Un passage (plusieurs, en fait, mais je choisis celui-là) décrit une scène que j'aurais presque pu vivre: