"Depuis la propagation d’un étrange et foudroyant virus, le monde est devenu terrifiant : sortir est désormais impossible. Dans leurs maisons, leurs bureaux, les gares, les gens sont condamnés à vivre cloîtrés et doivent se battre pour leur survie. A Barcelone, Marc, piégé dans son bureau, se retrouve séparé de sa femme Julia. Contraint de faire équipe avec Enrique, son pire ennemi, il part à sa recherche dans les entrailles de la ville …"
Depuis quelques années, les espagnols montent progressivement en puissance à la fois dans le registre du fantastique que de l’horreur. Les frères Pastor ne sont pas des inconnus puisqu’en 2009, ils ont réalisé un petit film américain qui se nomme Infecté. Mettant en scène Chris Pine qui est devenu Capitaine, ce film ne payait pas de mine, mais c’est révéler être des plus efficaces avec des personnages bien travaillés ainsi qu’une ambiance sombre et oppressante à souhait. Cette fois, il récidive, mais c’est dans leur contrée natale qu’ils ont décidé de mettre en scène ce film. Alors nouvelle belle surprise ou film post-apocalyptique lambda ?
Je vais être franc et direct, le synopsis du film ainsi que son affiche, ne donnent pas du tout envie puisqu’il s’agit encore une fois d’un film qui se déroule dans un monde post-apocalyptique et on en mange matin, midi et soir. Dans ce registre, on eut énormément de navet, mais également quelques chefs-d’oeuvre inespérés tels Mad Max ou bien Le Livre d’Eli. Malgré tout, il y a un détail qui fait envie dans ce synopsis. Il s’agit de l’effet qu’a le virus sur les humains. Une fois affectés par ce virus, les humains deviennent tous agoraphobes. C’est vraiment atypique, et j’étais curieux de voir comment cet effet est utilisé dans ce film. Malheureusement, même si l’idée est bonne, son utilisation est bonne, mais le reste du scénario est assez quelconque. Bloqué dans son bureau avec bon nombre de ses collègues, Marc va devoir rejoindre sa copine qui est bloquée dans un bâtiment dont il ne connaît pas le nom. Il va tout faire pour pouvoir la rejoindre et on va se rendre compte qu’il est bel et bien prêt à tout. On regrettera un certain manque de cran et de réactivité de la part de Marc pour quelqu’un prêt à tout pour rejoindre celle qu’il aime. Même si les réactions des différents personnages sont assez crédibles vis-à-vis de la situation qui est très difficile, on remarquera que le scénario est assez feignant et ne prend pas la peine de développer le caractère de Marc ou même de celui qui va l’accompagner durant son aventure. Le scénario de ce film possède une bonne idée ainsi que des personnages intéressants, mais il n’approfondit pas suffisamment le tout pour nous émouvoir. Qui plus est, la morale finale est beaucoup trop niaise et fade pour que le spectateur puisse être en empathie avec les personnages même si encore une fois la toute dernière minute du film est une bonne idée qui mériterait meilleure traitement.
Même si la trame scénaristique du film est des plus convenues et que les personnages auraient mérité un meilleur traitement, étrangement le spectateur va très rapidement se sentir bien et en parfaite harmonie avec les personnages. À la fois naturels et sincères, les acteurs s’avèrent assez bons pour nous émouvoir alors que le scénario ne s’y prête pas du tout. On retiendra la prestation de Quim Gutiérrez qui est assez en retrait, même si persévérant. Ainsi que celle de José Coronado, qui lui apporte un sentiment de protection et de brutalité. Perdu psychologiquement parlant, il va trouvé un but à sa vie avec Marc. En plus de ces deux derniers, il y a une actrice qui retiendra toute notre attention (et surtout la mienne), c’est Marta Etura. Toujours éblouissante, elle nous touche avec un personnage qui n’est malheureusement pas assez présent à l’écran et pas assez mis en avant dans le scénario. Malgré tout, elle est toujours radieuse et bluffante, comme à son habitude).
Si ce film mérite d’être vu que ce soit en salle ou plus tard en vidéo, c’est en grande partie grâce à son casting, mais également grâce à la mise en scène et l’ambiance mise en place par les frères Pastor. Comme ils l’avaient fait avec Infecté, ils utilisent une mise en scène qui n’est pas contemplative, mais centrée sur les personnages principaux et plus précisément sur Marc sans pour autant oublier l’environnement qui les entoure. La façon de filmer des frères Pastor est à la fois simpliste (plans fixes centrés sur le visage du personnage qui a la parole) mais également atypique avec l’utilisation d’un montage qui n’a aucun rythme. Ça pourrait être un défaut, car le film ne possède véritablement aucun rythme, donc le spectateur qui décroche trouvera le film longuet, mais ici c’est plus un argument qu’un défaut. C’est ce montage qui va permettre au spectateur d’avoir une pleine immersion dans les séquences et qui plus est, avec la mise en scène des frères Pastor on va retrouver un film à l’ambiance oppressante et stressante. La photographie du film est réussie, car elle retranscrit parfaitement les sensations d’enfermement et de peurs que ressentent les personnages. On frémit avec eux et on est satisfait de l’aventure que l’on a vécue malgré ce scénario qui n’est pas des meilleurs.
Alex et David Pastor signent donc un nouveau film post-apocalyptique convaincant, sauf que celui-ci s’avère plus décevant et frustrant que Infecté. Les Derniers Jours est un beau film. Un film plein de bons sentiments, porté par deux acteurs formidables qui nous touchent, mais le film aurait pu être bouleversant si le scénario avait approfondi les thèmes qu’il se permet d’utiliser. Le virus a rendu les humains agoraphobes et c’est une bonne idée, sauf qu’en plus de cette idée il aurait fallu approfondir la psychologie des humains à la manière du film The Divide de Xavier Gens. Un humain qui reste enfermé durant trois mois doit être enragé et doit devoir canalisé sa colère. Ici les personnages s’avèrent trop mous pour nous convaincre, malgré le fait qu’ils possèdent la volonté. En sus, on retrouve un film à la mise en scène vraiment maîtrisée et à l’ambiance oppressante, voire stressante. Le tout est sublimé par une très belle photographie, qui permet une immersion des plus réussies pour le spectateur. Un film que je recommande même si le scénario est très décevant.