05 août 2013
Le Festival de Bonaguil (Lot-et-Garonne) accueillait hier soir une adaptation de la pièce de William Shakespeare, qui a obtenu un beau succès cette saison au Lucernaire de Paris notamment.
Il y a de très belles choses dans cette interprétation : l’engagement des acteurs autour d’une Juliette très émouvante, des combats spectaculaires, très bien réglés, le rôle du Frère Laurent, représentant de la triste réalité, le décor réussi des dernières scènes avec ce voile blanc aux multiples fonctions.
Mais il y a des éléments moins aisés à partager : pourquoi avoir souligné le caractère enfantin de Juliette dans les premières scènes ? et surtout pourquoi ce contrepoint musical et choral tzigane (très bien interprêté mais lancinant), qui, dans la première partie de la pièce, gène la compréhension et surtout domine au point de l’obscurcir le texte de Shakespeare. On a certes le droit d’adapter une grande œuvre, mais on ne devrait y toucher qu’avec le souci de la respecter en tous points. Cela explique peut être que la pièce n’ait pas fait un triomphe hier soir (4 rappels)...
En ces temps d’agressivité multipliée, saluons cependant le sens politique de l’œuvre, pleinement mis en valeur par la mise en scène : le conflit Montaigu-Capulet, aux origines obscures et dépassées, et la façon dont il broie les personnes de Juliette et de Romeo, nous renvoie aux guerres modernes, la Syrie par exemple. N’oublions pas d’ailleurs que Shakespeare vivait dans une Angleterre non encore pacifiée après des siècles de guerre civile.
Adaptation: Cécile Leterme
Mise en scène : François Ha Van