L'heure de la révolte fiscale a sonné du coté de la Bretagne, contre l'écotaxe poids lourds.
Par le Parisien Libéral.
L'heure de la révolte fiscale a sonné du coté de la Bretagne ! Avant-hier, des manifestants ont abattu un portique écotaxe situé à Guiclan (sur la N12, entre Morlaix, Landivisiau et Carantec).
Si cela n'est pas, avec la révolte des tondus, méprisée par Marisol Touraine, le début d'une jacquerie de grande ampleur !
Que va faire Manuel Valls ? Envoyer des CRS quadriller la Bretagne ? Grâce aux 35 heures, depuis le mois de mai dernier, il n'y a pas assez de policiers et de gendarmes, selon Économie Matin. De toutes façons, entre les troubles à Marseille, les Roms à expulser à Lille, à Paris ou dans l'Essonne, la surveillance des stations balnéaires à risque (lire Le Figaro : La délinquance gagne les plages) ou le réveil des anti Notre Dame des Landes, ce ne sont pas les théâtres d'opération qui manquent !
Les Français n'en peuvent plus de tous ces impôts que l'UMP et le PS s'ingénient à inventer.Cela fait quelques mois que le gouvernement sait que la zone rouge est atteinte, et que le rendement fiscal diminue alors que les taux et assiettes augmentent, vérifiant ainsi la courbe de Laffer.
Maintenant, avec la révolte de Guiclan, le message est clair : non, c'est non !Ceci étant dit, rendons quand même à César ce qui appartient à César. Ce ne sont pas Moscovici, Cahuzac et Ayrault qui ont décidé le principe de l'écotaxe poids lourds. C'est une décision du précédent gouvernement. Et si on en croit l'Agence Bretagne Presse, le trouble suscité par l'écotaxe en Bretagne va bien au delà des 0,02 € à 0,25€/km de taxe demandés aux poids lourds : c'est bien le respect du traité signé entre Anne de Bretagne et François 1er qui est en jeu, et il faut croire que décidément, conformément à ce que soulignait un article du Figaro du 9 mai 2009, Sarkozy n'avait effectivement rien compris à la Bretagne et à son anti jacobinisme.
Reste toutefois le principe de l'écotaxe. Elle vise, dans son principe, à faire internaliser par les usagers de la route (dont les routiers) les coûts environnementaux réels ou supposés générés par le trafic routier, afin de rendre le train et le ferroutage plus compétitif. Le problème est que l’État, actionnaire à 100% de la SNCF, bloque les initiatives privées et régionales de fret ferroviaire (lire Novatrans-Combiwest : l’Araf tranche en faveur de RFF), en admettant même que le ferroutage puisse atteindre le degré de flexibilité du fret routier un jour, ce qui est évidemment impossible.
L'autre problème réside dans le fait que le trafic routier est déjà ultra taxé. Automobilistes, aviez-vous remarqué que vous êtes sujets à une double taxation sur chaque litre d'essence ? La TVA s'ajoute à la TIPP payée, dans un joyeux micmac d'autant moins clair que l’État ne veut pas que les distributeurs affichent clairement sur les tickets de caisse la distinction entre les deux taxes.
Quelque part, l’écotaxe correspond quand même à une vision, celle d'accélérer la transition énergétique, afin de faire évoluer l'économie française, trop dépendante au pétrole, vers une économie plus verte, décarbonnée, circulaire (qui favorise le recyclage), conformément au schéma de Jeremy Rifkin.
Mais quand bien même on serait séduit par le concept (et c'est loin d'être gagné), rien n'est dit par son auteur quant aux moyens politiques à mettre en œuvre pour parvenir à cette situation. Or, on réalise bien que pour le PS, EELV, les deux Fronts (de gauche ou national) et une partie de l'UMP, il y a une avant-garde éclairée, qui doit guider le peuple, de gré ou de force, à coup de barrières d'écotaxes installées sans débats ni concertation. Ne serait-il pas plus simple de laisser les gens débattre ? Qui, par exemple, dans le monde politique français, rappelle que notre mode de vie implique toujours plus de guerres au Mali ou ailleurs et de baisers sur les pieds des Saoudiens ? Les gens sont capables de comprendre que le tout-pétrole est incompatible avec une diplomatie des Droits de l'Homme. Ils n'ont pas besoin d'écotaxe pour cela. Ils ont juste besoin d'alternatives simples, efficaces et disponibles. Les Velibs, les véhicules électriques, et le train, n'en sont pas.
Si Jean-Marc Ayrault, Philippe Martin, Nathalie Kosciusko-Morizet ou Cécile Duflot sont tellement intéressés par l'écologie, qu'ils démissionnent de la fonction publique, abandonnent la politique et créent des entreprises focalisées sur la recherche d'alternatives au pétrole. Sinon, qu'ils laissent les gens rouler, de préférence en baissant les taxes, histoire de les laisser profiter d'une liberté constitutionnelle, celle de circuler librement. Le marché, en ajustant les prix du pétrole à la demande, se chargera de faire le tri, tout seul comme un grand, sans État nounou pour lui tenir la main.
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