Kentarô est un NEET, un
célibataire sans emploi ayant arrêté ses études. Un jeune qui passe son temps à
ne rien faire et a du mal à se voir un avenir. Quand sa sœur lui propose de
faire des recherches sur leur grand-père mort au cours de la seconde guerre mondiale,
Kentarô accepte du bout des lèvres. Dès le début de son enquête il découvre que
ce grand-père a perdu la vie au cours d’une mission suicide. En rencontrant un
des derniers pilotes encore vivant ayant connu son aïeul, il comprend que ce
dernier était tout sauf un héros.
J’avoue que j’y suis allé à
reculons. Un manga sur les kamikazes japonais, pas vraiment mon truc. La
surprise fut d’autant plus belle. Adaptée d’un roman, cette histoire met en
lumière la difficulté pour la jeunesse nippone actuelle d’accepter le passé
guerrier de l’archipel. Elle montre aussi à quel point la société a toujours du
mal à se considérer à la fois comme victime de la bombe et complice de la folie
du Reich. Et puis l’on découvre que nombre de Kamikazes n’étaient pas habités
par une quelconque fierté et que leur sacrifice, loin de relever du courage,
était souvent dicté par un ordre de la hiérarchie auquel il était impossible de
ne pas se plier. Des hommes comme les autres et non des ultranationalistes prêt
à tout pour la prospérité éternelle de leur pays (le fameux cri
« banzaï » signifie « prospérité éternelle »). Autre thème
abordé par ce manga, l’attentat du 11 septembre au cours duquel les djiadistes
d’Al-Qaida furent qualifiés par les médias de kamikazes. Une appellation
inadmissible pour les japonais tant l’attitude des kamikazes de la seconde
guerre mondiale n’avait pour eux strictement rien à voir avec celle des
terroristes.
Une lecture passionnante qui
insiste sur la difficulté pour le Japon d’aujourd’hui de faire sereinement son
devoir de mémoire. Trois autres tomes sont parus (la série en comptera 5 en
tout) et je vais me faire un plaisir de tous les découvrir.
Zéro pour l’éternité T1 de Naoki
Hyakuta et Souichi Sumoto. Delcourt, 2013. 205
pages. 8,00 euros.