De Brice Escarguel.
Aucune situation d’entreprise n’est gravée dans le marbre. Certaines ont disparu aprés avoir eu des positions dominantes car elles n’ont pas su s’adapter à des modifications importantes du marché, elles ont manqué le train de l’innovation qui les avait pourtant amené en position de leader. Innover quand on est une petite structure est aisé, vous n’avez pas à gérer les produits passés, vous partez de zéro. Par contre, quand la structure grossit, l’innovation devient de plus en plus difficile : structure de décision complexe bridant les nouvelles idées, nécessité de faire évoluer les produits existants plutot que d’en lancer de nouveaux ou encore les risques à s’écarter de son coeur de métier.
Miicrosoft se retrouve à faire face à cette situation. La sortie de Vista a prouvé que leur machine à innover est grippée, le systéme en effet ne propose pas d’innovation majeure (si on le compare à d’autres comme Mac Os ou Linux) et il présente certaines caratéristiques qui vont pousser la firme de Richmond à continuer le support de Windows XP : nombreux logiciels incompatibles, nécessité d’avoir un ordinateur de toute derniere génération, lourdeur du systéme (en particulier pour le marché prometteur des UMPC), … De même en ce qui concerne le web, Microsoft n’arrive pas à s’imposer dans le domaine de la publicité online, des univers virtuels ou encore des applications 2.0. Il bénéficie pourtant d’une tête de pont magnifique avec la présence de son systéme d’information et l’utilisation massive d’Internet Explorer (lui meme mis en danger par Firefox).
L’exemple le plus souvent cité en terme d’innovation est aujourd’hui Google. L’entreprise a su mener l’innovation plus vite qu’aucune autre dans ses premieres années de vie et semble faire perdurer cette situation. Le coeur de métier, organiser l’information mondiale, est tellement vaste que le risque de dispersion est grand. Que ce soit en innovation par rachat (Picasa, DoubleClick, Urchin, Keyhole …) ou par développement interne (développement d’infrastructures pour produire de l’énergie Green), l’entreprise annonce tous les jours un nouveau domaine à conquérir, ne semblant pas se préoccuper des gains à court ou moyen terme. Ils parient sur l’avenir et veulent être les premiers sur certains marchés pour ne pas laisser aux autres le temps de réagir. Mais comment font ils pour conserver cette capacité à bouger trés vite malgré leur taille?
- une plate-forme évolutive : la plate forme propriétaire (sur base Linux et comprenant des millions d’ordinateurs) peut s’adapter trés rapidement pour accueillir un nouveau service.
- le “Timie to market” des produits : les ingénieurs de la maison disposent de 20% de leur temps pour développer leur propre produit, le passer en bêta est facilité. Si le succés auprés des 1ers utilisateurs se confirme, alors le produit est intégré à la roadmap et lancé.
- le support des développement de tiers et des mashups : l”infrastructure peut dialoguer avec des applications tierces et cela est encouragé.
- l’intégration de l’innovation dans la définition des postes : chacun peut choisir de travailler sur un sujet pendant 20% de son temps. Gmail, Adsense, Google News sont des résultats de cette politique.
- élimination de tous les points de friction : chaque personne peut intervenir sur un produit et les modifications apportées sont validées par une équipe d’ingénieurs rattachée au produit en question.
Comment Microsoft pourrait se transformer pour redevenir aussi agile qu’un Google? Quand vous avez plus de 100.000 salariés, la tâche est ardue. Par contre, il est possible soit par une acquisition soit par un développement en interne de créer une structure indépendante chargée de l’innovation, développant les produits et les confiant ensuite aux chefs de produits qui vont assurer la gestion de projet d’un lancement industriel. Orange ou Renault se sont lancés dans la voie du développement en interne avec des structures appelées Technocentre. Elles ont ainsi réussi à relancer la machine de l’innovation (le TTM de Renault a été réduit sensiblement et Orange a réussi certains lancements coimme Unik).
Microsoft semble avoir fait le choix de l’acquisition pour consolider sa position dans le domaine du web. En rachetant Yahoo, il veint compléter (et peut être remplacer) ses équipes du portail MSN et de ses services. Il acquiert aussi une position dominante dans certains domaines clés comme le messenging et dispose d’une plate forme suffisante pour rivaliser avec Google dans le domaine de lma publicité online. Mais tout cela vaut il le prix à payer, surtout dans le cadre d’une OOPA hostile puisque Yahoo n’a pas répondu ce samedi soir?