Dans la première partie de l'ouvrage, l'auteur étudie le langage corporel qui accompagne et ponctue la communication orale à Rome. Ce langage, constitué d'un code de gestes plus ou moins ritualisés, est tellement important que certains orateurs y accordent plus de valeur et d'attention qu'au contenu même de leur discours. La nécessité de s'adresser à une population nombreuse, maîtrisant parfois mal le latin, dans des conditions sonores difficiles (bruit ambiant, météo, etc.) explique pour partie le recours aux gestes. Des crieurs relayaient les discours pour les auditeurs mal placés, mais les gestes étaient visibles et compréhensibles par tous.
L'auteur évoque rapidement, en passant, les conséquences du recours aux micros amplifiant la voix dans la communication politique et les changements de rhétorique qu'elle a provoqués (p. 75) au XIXème siècle. La radio a changé également les conditions de la communication politique orale (Roosevelt, Churchill) mais avec la télévision une grande importance est redonnée aux gestes (cf. De Gaulle, Ronald Reagan). La politique comme métier d'acteurs ? "Scaenici imperatoris" dira Pline.
Dans la seconde partie, l'auteur s'intéresse aux réactions vocales (acclamatio) du public des auditeurs / spectateurs. Cris, slogans, mouvements coordonnés... Les formules, leur rythme instituent un dialogue avec l'orateur. Manifestation de l'opinion publique lors des jeux, des élections, des assemblées, ces réactions sondent et mesurent la popularité ou l'impopularité des personnages politiques.
On retrouve out cela taujourd'hui dans les réunions politiques, les stades, les manifestations publiques. Gregory S. Aldrete rappelle en introduction combien les personnages publics romains sont - déjà - toujours en représentation (people ?), soucieux à tout moment de leur "dignitas", qui devient une occupation à plein temps.
L'ouvrage est illustré précisément. Beaucoup de références proviennent des traités de rhétorique, de Ciceron et de Quintillien. L'index et la bibliographie qu'accompagnent de nombreuses notes permettent au lecteur d'approfondir la lecture. L'ouvrage constitue une contribution inattendue et féconde à l'analyse de la communication politique contemporaine.
N.B. Evoquons à ce propos un article sur la modélisation mathématique de la contagion sociale dans le cas des applaudissements au spectacle,"The dynamics of social audience". Il s'agit d'une étude menée par Richard P. Mann, Professeur à l'université d'Upsalla publiée en juin 2013 par le Journal of the Royal Society Interface. Les données sont produites expérimentalement auprès de publics étudiants.