Haute route des Géants, le Tor en sens inverse, 1ere étape. Courmayeur/Saint Rhemy. Une jolie balade en montagne.

J'ai du réseau et du temps ce soir poiur écrire un petit récit après une belle journée sur les chemins. Pour la première fois depuis longtemps,  je ne suis pas arrivé fatigué à l'issue de cette journée d'itinerance. Il faut dire que j'ai prévu des étapes raisonnables cette semaine pour ce reportage sur la Haute Route des Géants (Alta via numero uno du Val d'Aoste) et que les chemins sont beaucoup plus faciles que sur le Grand Tour de Tarentaise par exemple. J'ai tout de même le sentiment d'avoir bien marché et peut être aussi que ma forme est meilleure.
Je ne suis pas parti très tôt ce matin,  quittant le centre de Courmayeur,  très tranquille à cette heure là (on est de toutes façons loin de la "frénésie" qui règne de l'autre côté à Cham et j'avais déjà ete saisi par le contraste car même si il y a de l'animation à Courmayeur ça n'a rien à voir. ..une question de situation, de panorama, de réputation sans doute. ), un peu avant neuf heures.
Je connais bien le début de mon parcours du jour.  Jusqu'au refuge Bonatti, c'est route commune avec le TMB et j'y ai marché et couru quelques fois. Mais ça n'en reste pas moins très beau et agréable. 
Je ne reste pas longtemps seul. Je rencontre deux coureurs qui vont sensiblement à l'allure que j'ai prévue de suivre aujourd'hui.  Yan et Yannick sont parisiens et repèrent le parcours de la CCC (Courmayeur Champex Chamonix pour les intimes) que Yann s'apprête à courir à la fin du mois. 
Nous discutons agréablement tout en montant le sentier qui nous mène au refuge Bertone que nous ne mettons pas trop longtemps à atteindre.  C'est la première fois qu'ils viennent dans la région et évidemment ils sont impressionnés par les panoramas. Il faut dire que le paysage est assez grandiose,  avec une vue imprenable sur les Grandes Jorasses et la face italienne du Mont Blanc. 
Nous trottinons à une bonne allure sur le sentier en replat qui suit et parvenons ainsi jusqu'à Bonatti.  Le refuge, où beaucoup de monde est attablé, est sans doute un des plus vastes et impressionnant des Alpes. Comme mes deux compagnons de route poursuivent ensuite vers le col Ferret et moi vers celui de Malatra, quittant ainsi la partie commune avec le TMB, nous nous accordons une pause - et une bière locale- avant de nous séparer. 
Nous discutons bien entendu de la beauté des lieux, de Paris et de la difficulté de s'y entraîner pour les trails en montagne ( pour courir l Île de France me paraît très bien,  pour le trail en montagne évidemment c'est pas l'idéal. ..), de la région de Montpellier et de pas mal d'autres choses.  C'est bien agréable mais il nous faut tout de même repartir, pour poursuivre nos chemins respectifs.
Je m'engage donc dans l'ascension du col de Malatra, qui sera d'ailleurs le point culminant de mon parcours cette semaine du haut de ses 2950m, ce qui est tout de même respectable.
La montée est régulière. Le chemin est bien tracé,  le temps se maintient malgré quelques nuages, tout va bien. A mi-pente je m'offre de nouveau une courte pause pour dévorer les bons sandwichs préparés par l hôtel Edelweiss et reprend ma marche.
Le décor est plus minéral mais le chemin reste assez facile. Il subsiste quelques névés mais rien de comparable à ceux que nous avions rencontré en Tarentaise.
J'atteins donc sans problème le col et son fameux passage entre deux pans rocheux qui a fait la réputation du Tor. Une ou deux photos plus loin je descends tranquillement de l'autre côté. 

À part les tous premiers mètres où il faut faire attention mais qui sont bien équipés de câbles, la descente ne pose aucun problème.  Je retrouve un joli sentier qui part vers une verte vallée.  Je croise quelques groupes de randonneurs qui me demandent si l'ascension passe bien. A mon avis c'est sans soucis sauf pour ce monsieur qui arbore un bras en écharpe, ce qui me rappelle de sombres heures, auquel je dis que ça ne sera pas facile en haut.  Mais bon il n'est pas seul alors. ..
Je double ensuite quelques hameaux plus ou moins déserts (qui répondent au jolie nom de merdeux!) Et traverse quelques torrents, comble du luxe ils sont équipés de ponts et de passerelles.  Le decor est bucolique,  la floraison splendide.
Je rejoins ensuite un petit bout de petites routes et de chemin vicinaux dans la vallée pour atteindre le bourg de St Rhemy,  ma destination du jour.
Les chemins s'y croisent: je rencontre un panneau Via Alpina et un autre indiquant la Via francigena, que je parcourerai cet automne.  St Rhemy,  au pied du Grand St Bernard,  en est une étape importante.  A l hôtel suisse où je fais étape,  un cahier est destiné au pèlerins et dabs les rues de ce petit village aux belles maisons de  pierres qui semble un peu coincé entre les routes,  on rencontre partout le symbole du pèlerin présent sur les panneaux.  Je me réjouis déjà de revenir.
Le soir je dîne seul dans une vaste salle à manger aux belles poutres apparentes.  J essaie de deviner dans quelles langues s'expriment les couples qui menvironnent.
L'un parle anglais mais semble connaître le français,  l'autre alterne français et flamand,  le suivant parle allemand,  l'italien est bien sûr présent.  Nous sommes bien en Europe, en tous cas, au croisement de ces chemins anciens et nouveaux.