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L'Ange ivre d'Akira Kurosawa

Publié le 03 août 2013 par Leunamme

kurosawa

Pour les cinéphiles, Paris est une ville formidable, toute l'année, mais surtout en été, lorsque la production estivale rivalise de médiocrité, il y a toujours un petit cinéma de quartier pour nous trouver un petit classique de derrière les fagots. C'est le cas au cinéma "Action Ecole" qui fait une rétrospective Akira Kurosawa, probablement l'un des plus grands cinéastes japonais, voire du monde, ce qui m'a permis de découvrir "L'Ange ivre" un des ses premiers films, tourné quelques mois après la fin de guerre.

En 1946, dans un Tokyo encore ravagé par la guerre, un médecin de quartier, alcoolique au grand coeur, tente de soigner la population avec les moyens du bord. Un soir, un des principaux yakusas du quartier débarque chez lui avec une balle dans la main, il le soigne malgré le mépris qu'il a envers lui, mais comprend très vite qu'il atteint d'un mal plus important, la tuberculose, qui ravage le Japon à cette époque. Peu à peu, une amitié virile va s'installer entre les deux hommes. Mais le yakusa va être rattrapé par son passé.

On retrouve les caractèristiques du cinéma de Kurosawa, comme l'analyse des milieux mafieux ou les rapports jeune / vieux. Comme toujours, Kurosawa excelle dans la direction d'acteurs, mais si ce film est déjà magnifique par ses qualités propres, il est encore plus pour deux autres raisons.

La première, c'est qu'il constitue un témoignage d'une rare puissance sur ce qu'était le Japon tout de suite après la guerre. A mon sens, ce film est aussi important pour l'aspect documentaire que le furent les chefs d'oeuvre de Rossellini (Allemagne année zéro) ou de De sica (Le Voleur de bicyclette). On découvre un Japon immensément pauvre, avec une population résignée, livrée aux gangs et devant faire face à la maladie. Mais Kurosawa dépeint aussi un Japon qui déjà se relève, avec le personnage du médecin qui ne baisse jamais les bras, et surtout avec les quelques apparitions d'une jeune fille atteinte de la tuberculose et qui à force de courage gagne contre la maladie.

La seconde est qu'il s'agit de l'une des premières apparitions sur un écran de celui qui deviendra la plus grande vedette internationale du cinéma japonais, Toshiro Mifune. C'est aussi le début d'une longue et fructueuse collaboration entre les deux hommes qui tourneront 16 films ensemble. Déjà, la beauté implacable, la présence de Mifune impressionnent.

Je ne sais pas, si ce film est toujours diffusé sur les écrans parisiens, mais si c'est le cas et que vous passez par là, n'hésitez pas une seconde.


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