Il est élégamment vêtu, comme tous les jours : ce n’est ni pour elle ni pour lui qu’il prend soin de
Ici les filles ne regardent pas les hommes : elles les dédaignent. Ce sont elles les reines du jeu et, même si elles éprouvent quelque attirance pour lui, elles ne s’abaissent pas à lui lancer un regard. Ici l’homme doit lutter pour entrer dans les bonnes grâces d’une belle, d’où cette nécessité de développer un art de la séduction appuyée.
Ses lunettes de soleil ajoutent au mystère qui émane de sa fine et haute silhouette. Il dégage une assurance mêlée d’indifférence au monde et, pourtant, derrière les verres fumés qui le protègent avec classe de l’ardeur solaire, il observe chaque femme qu’il croise. Parfois il se retient, il prend sur lui pour ne pas se retourner sur un corps parfaitement galbé dans une robe courte – il sait rester discret. Il a dans le sang cette fascination pour la femme qui rend si souvent l’Italien caricatural aux yeux des étrangers.
Il aimerait être libre de les charmer toutes, mais, dans son cœur ou son esprit, l’ombre de son amante monte la garde, agressive, exigeante et, même si elle ne marche pas à ses côtés, il craint son courroux comme l’apocalypse. Alors il se contente de regarder, de fantasmer, bien à l’abri derrière ses lunettes. Les quelques autres femmes qu’il a dans son lit sont des fantômes, il les traite avec dédain, rapidement – elles n’existent pas, chérie, je te promets que tu te fais des films.
Notice biographique