C'est un spectacle visuellement et musicalement extrêmement léché que l'on nous propose à l'Alhambra jusqu'à la fin septembre. Plongés dans une ambiance foraine d'antan, fantasmée, sublimée, sept créatures s'exhibent, se racontent. En dépit de chansons aux thématiques bien trouvées mais dont les paroles manquent parfois un peu d'ampleur poétique, le public sort ravi de cet étonnant et improbable voyage dans le temps. Nous aussi.
Emmené par la gouailleuse Poupée Barbue, chanteuse aux formes généreuses, le show alterne parodies de numéros de cirque et musique. Chaque membre de la troupe a ainsi l'occasion de montrer ses aptitudes, qu'il soit homme fort, femme tronc, homme-femme, vampire ou fakir... On rit souvent. Sur des airs variés et inspirés, aux couleurs rétro-décalo-rock, on passe par ailleurs d'un réalisme touchant à un humour piquant et haut en couleurs. De l'histoire de la femme à barbe vendue à un cirque lorsqu'elle était enfant à celle de la femme crocodile. Nous n'oublierons pas de sitôt notre visite au "Salon Excentrique", qui nous corrige le portrait à grands coups de cisailles, pas plus que l'interprétation de ce savoureux "Fuck Me tender, Fuck Me True"...
Personnages merveilleusement dessinés, somptueux costumes, scénographie soigneusement étudiée, lumières archi-travaillées, mise en scène au cordeau et pleine de trouvailles de Madame Juliette... Les talents sont nombreux et certains au sein de ce plaisant "Maxi Monster Music Show" qui pourrait être encore plus grinçant, plus noir, ou plus poignant. Aussi, afin d'atteindre l'excellence qu'elle ne fait ici que frôler (ce qui n'est déjà pas si mal), suggérerons-nous à la troupe d'oser encore davantage et de parfaire ses textes dans la suite de ses aventures.
Toutefois, c'est sans l'ombre d'une hésitation que nous vous conseillons d'aller applaudir ce moment de music-hall inédit et novateur.