Alexandre est à Moscou pour ses examens de littérature en juin 1941, quand éclate la guerre contre le Troisième Reich. Il combattra comme officier de l'Armée rouge, et sera décoré en 1944 de l'Étoile rouge pour sa participation à la prise de Rogatchov.
Toutefois à la fin de la guerre, une correspondance interceptée par la censure Russe découvre une critique de Staline de la part de Soljenitsyne et il est condamné à 8 ans de prison dans le goulag. Sa femme est expulsée de l'université où elle étudie parce qu'épouse d'un "ennemi du peuple". Elle demande alors, et obtient, le divorce. Libéré en 1953, Soljenitsyne est gardé en "exil perpétuel" au Kazakhstan. Il est réhabilité trois ans plus tard afin qu'il puisse enseigner les sciences physiques à Moscou. Il se remarie avec sa première femme en 1957.
C'est Une journée d'Ivan Denissovitch publié en 1962 dans la revue soviétique Novy Mir grâce à l'autorisation du président Nikita Khrouchtchev en personne, qui lui acquiert une renommée tant dans son pays que dans le monde. Le roman décrit les conditions de vie dans un camp de travail forcé soviétique du début des années 1950 à travers les yeux d'un prisonnier du goulag. Il sait de quoi il cause... Il publie un recueil de nouvelles en 1963.
Grâce à l'aide de l'écrivain allemand Heinrich Böll, il s'installe d'abord à Zurich en Suisse, puis émigre aux États-Unis. D'abord présenté comme une victime du régime rigide soviétique, il est rapidement découvert, suite à des entrevues et de multiples conférences, comme un homme orthodoxe, conservateur, et slavophile très critique sur la société occidentale de consommation. Soljenitsyne doit affronter une nouvelle campagne de diffamation. Il se retire alors avec sa famille dans le Vermont pour poursuivre l'œuvre dont il rêve depuis sa jeunesse, La Roue rouge, une épopée historique de milliers de pages retraçant l'embourbement de la Russie dans la violence révolutionnaire. En 1983, il reçoit le prix Templeton remis à la personnalité s’étant distinguée pour ses activités caritatives ou son dévouement dans l’entraide et la compréhension inter-religieuse.
Dans le cadre de la Glasnost menée par Mikhaïl Gorbatchev, sa citoyenneté soviétique lui est restituée, et L'Archipel du Goulag est publié en URSS à partir de 1989. Il y revient suite à l'éclatement de l'URSS en mai 1994. Il y aura son émission de télévision, y fera de nombreuses conférences et aura une activité sociale intense avant que la maladie et l'âge ne le ralentisse. Les Russes redécouvrent alors la valeur de ses écrits politico-sociaux.
Ses oeuvres sont difficiles à placer dans le temps et comme le décrit bien l'une de ses préfaces, plusieurs d'entre elles auraient pu avoir cette forme : "Écrit de 1955 à 1958. Défiguré en 1964. Réécrit en 1968"
Il y a 5 ans, dans la nuit d'aujourd'hui à demain, il mourrait d'une insuffisance cardiaque aiguë à l'âge de 89 ans.