Rhalala les premiers vrais jours printaniers. On commence à sortir les shorts et autres pantacourts et à ranger les pulls tout en haut des armoires. Quoi de plus jouissif que de faire un footing à la fraîche en t-shirt (pour les amateurs), passer la matinée avec un ami autour d’un café, se balader à vélo, de bouquiner dans un jardin public ou de faire une sieste dans un transat. Il est cependant indispensable de ne pas oublier un facteur primordial lorsqu’on est blond comme moi. Les premiers rayons sont pervers car les mélanocytes n’ont pas été stimulés pendant des mois. La peau blanche a donc de fortes chances de cramer en beauté. Le soleil m’a ainsi pris en traître. J’ai la gueule en feu et de vilains coups de soleil derrière les genoux. Je ressemble à un homard bouilli et j’ai mal quand j’avale. Pas très malin tout ça.
Tout comme le soleil, Snooze m’a méchamment grillé. Je ne savais pas que la Wii possédait un tableau de bord permettant de comptabiliser le temps passé sur la console. Après avoir affronté mon cher et tendre à Mario Kart et lui avoir mis une sévère raclée sous les traits d’un Joshi hystérique au volant de sa voiture de course ultra rapide qui déchire, j’ai admis du bout des lèvres que ce jeu était distrayant, moui, sans plus. Je ne le savais pas encore, mais j’allais hériter sans le vouloir quelques heures plus tard d’une autre bestiole électronique. Patsy, Edina, Snooze et moi-même étions conviés à l’anniversaire de la délicieuse Bree van de Nazareth assistée de son mari Rex. Belle occasion de revoir Lionel, mais également Friedrich, toujours aussi pédé. Si Bree van de Nazareth est une fine cuisinière attentionnée, elle est également accro à la Wii. Nous avons donc naturellement pensé à lui offrir le dernier né des gadgets Nintendo, le Wii fit. D’autres convives avaient eu la même idée. Bree s’est donc retrouvée avec deux planches Wii, une par pied. Nous nous sommes sacrifiés et avons ramené l’engin à la maison.
Le Wii fit ressemble à une petite planche de step. Il fut un temps béni ou je passais mes soirées à me transformer en dancing queen. J’étais devenu dépendant en assistant à jusqu’à cinq séances de step par semaine. La lassitude du club de sport, celle de ses adhérents fort peu civilisés, l’hypertrophie de mes cuisses et la prise d’un crédit sur vingt longues années m’ont conduit à me rabattre sur le vélo et la course. J’ai donc accueilli avec plaisir, même si cela m’arrache la gueule, cette petite machine. La première étape avant d’obtenir un corps de rêve est très simple. Elle consiste à configurer la bête en la synchronisant avec la console. Une petite voix vous demande ensuite de monter sur la planche, après avoir entré votre âge et votre taille. Quelques secondes plus tard, le programme calcule votre centre de gravité et surtout votre indice de masse corporelle. On serre alors les fesses de peur de se découvrir des vilains kilos en trop. Pan. Vingt-deux tout juste. Je ne dois ni perdre, ni gagner de poids. L’ordinateur de bord propose cependant de se fixer un objectif. Je me suis ainsi fixé de perdre deux petits kilos en un mois. Soyons fous.
Quatre catégories d’activité sont disponibles: Yoga, aérobic, musculation et jeux d’équilibre. Pour le yoga et les exercices de gymnastique, un entraîneur est présent pour nous guider. On peut même choisir le sexe de coach. Comme beaucoup de jeux Nintendo, plus le joueur est assidu, plus il débloque d’applications. La fonction aérobic est certainement la plus divertissante. Si les fonctions de bases sont dignes d’un step pour débutant attardé, plus le temps passe, plus les mouvements deviennent compliqués et s’accélèrent. Contrairement au vrai step, il est interdit de sauter comme une brute sur l’appareil qui reste truffé d’électronique. L’application est de plus interdite aux personnes pesant plus de 150 kilos. D’autres activités permettent de se bouger l’arrière-train. Il est ainsi possible de faire du hula-hoop, du saut à ski ou de faire un jogging dans son salon en glissant la télécommande dans son short.
Côté musculation, rien ne remplace les poids ou les mouvements classiques. Le Wii fit n’est donc qu’accessoire. Même chose pour les séances de Yoga. On apprend à bien respirer, à se tenir correctement et à faire le poulpe ou la grenouille pékinoise, pas plus. J’ai peur qu’au bout de quelques mois la planche soit condamnée à retrouver ses copines la yaourtière, la machine à barbapapa ou la machine à gaufre. Même en passant plusieurs heures par semaine à gesticuler devant la télévision, il est fort peu probable que les applications proposées puissent se substituer à la pratique régulière d’un sport. La cible semble être la fameuse ménagère de moins de cinquante ans, fidèle lectrice de Elle et soucieuse de sa ligne avant l’été ou le senior consommateur de Danacol flippé par l’excès de mauvais cholestérol.
La prochaine étape sera de faire une séance de step avec ma ceinture électrique magique.
Un mois pour perdre deux petits kilos de rien du tout, easy non?