CRITIQUE: MARIUS et FANNY

Par Cinedingue @cinedingue

L’histoire de Marius se déroule sur le Vieux-Port de Marseille, dans le Bar de la Marine tenu par César et son fils Marius. Marius ne rêve que d’embarquer sur un des bateaux qui passent devant le bar et prendre le large vers les pays lointains. Fanny, jeune et jolie marchande de coquillages sur le devant du bar, aime secrètement Marius depuis l’enfance ; Marius, sans l’avouer, a toujours aimé Fanny. Pour retenir Marius, pressenti pour un engagement sur un navire d’exploration, Fanny lui dévoile son amour pour lui et parvient à attiser sa jalousie en provoquant une vive dispute entre Marius et un vieil ami de César, le maître-voilier Panisse, qui, beaucoup plus âgé, courtise Fanny. Partagé entre l’appel de la mer et son amour pour Fanny, Marius renonce à son projet et finit par s’unir à Fanny qui s’offre à lui. Mais, alors que César et Honorine, la mère de Fanny, sont prêts à les marier, Marius est repris par sa folie de la mer. Poussé par Fanny qui se sacrifie par amour pour Marius, ce dernier monte à bord du navire qui part, abandonnant Fanny bouleversée, qui retient ses larmes et cache à César le départ de son fils.

Fanny, amoureuse et abandonnée, apprend qu’elle attend un enfant de Marius. Elle se retrouve en position dramatique de mère-fille, incapable d’assurer son propre avenir et celui de son enfant. Elle accepte alors, avec l’approbation de sa mère et du grand-père de son enfant, César, de se marier avec un commerçant prospère du Vieux-Port, Honoré Panisse ; celui-ci est âgé de trente ans de plus qu’elle. Il reconnaît son enfant et l’élève comme le sien ; Panisse leur apporte une prospérité certaine, une honorabilité sociale retrouvée et un avenir confortable. Quelques mois après le mariage et la naissance du bébé, Marius, prenant conscience de son amour pour Fanny durant son voyage lointain, mais qui n’a pas de situation sérieuse, revient et cherche à reconquérir Fanny, toujours amoureuse de lui et à reprendre son enfant.

Après avoir fait ses armes de réalisateur avec la Fille du Puisatier, Daniel Auteuil revient cette fois-ci derrière ET devant la caméra avec une nouvelle adaptation de Pagnol, les deux premières parties de la trilogie marseillaise (la 3ème ne devrait pas tarder à être tournée), Marius et Fanny, près de 80 ans après la version avec Raimu!

Pas vraiment fan des pagnolades qui sentent bon le romarin et la farigoule et les dialogues déclamés outrageusement avé l’assent par des comédiens parisiens, je dois bien avouer que j’avais quelques craintes sur ce diptyque!

Passées les 10 premières minutes d’accoutumance au premier volet, la magie du texte de Pagnol prend finalement le dessus pour ne plus me lâcher jusqu’à la fin des 180 minutes. Le premier volet nous présente les personnages que sont Marius, Fanny, César, Panisse, Escartefigue et les autres et distillent une atmosphère légère et pleine d’humour avec la célèbre partie de cartes et son "Tu me fends le cœur". Le second volet qui démarre à l’endroit exact où s’arrête le premier, au départ de Marius à bord de la Malaisie, abandonne la comédie pour la tragédie. Si l’on pouvait craindre une adaptation "télévisuelle" de l’œuvre de Pagnol, ces deux films nous rassurent très vite tant le plus grand soin a été apporté à l’esthétique, à la direction artistique, évitant le simple théâtre filmé.

Mais la grande réussite du film qui repose quand même sur les dialogues est à mettre au crédit de son casting, vraiment de haut niveau. Auteuil est magistral, Personnaz convaincant, la petite nouvelle Victoire Bélézy propose une Fanny fragile et mutine tout à fait charmante, Darroussin est parfait comem toujours et la grande surprise Marie-Anne Chazel, actrice que je ne porte pas spécialement dans mon cœur mais qui m’a littéralement bluffé. Personne ne tire la couverture et surtout aucun ne surjoue et ne tombe dans la caricature!

Marius et Fanny, si ce ne sont de grands films, rendent en tout cas un bel hommage à l’œuvre de Pagnol en alliant divertissement populaire et exigence.

NOTE: 7.5/10