Une pétition, c’était auparavant cette feuille de papier passée de main en main par quelques initiés. Un morceau de papier proportionnellement froissé et taché par rapport au temps à circuler. Un truc vieillot.
L’e-pétition ou pétition en ligne vient bousculer tout ça, et dans le monde de la communication, elle semble devenir un outil puissant à ne nullement négliger.
Depuis quelques jours, une e-pétition met à mal le site de la fondation de Carla Bruni. Ce site, reposant sur une ancienne version de WordPress, contenant des failles, etc, … a coûté 410 000 euros (d’agent public donc du contribuables) alors qu’il en vaut quarante à cent fois moins. Il faudrait en effet compter entre 4 000 et 10 000 euros pour un tel site.
Aperçu de la version “410 k€” du blog. Dorée à l’or fin, elle est également connue sous le nom de “Bling-Bling version”.
D’ailleurs, la conception d’un site internet à eMandarine (hors services annexes) coûte entre 2000 et 7000 euros, avec une moyenne du prix client de 4500 euros.
Pérégrinations d’une information
Il est intéressant de voir le cheminement de cette information en quinze jours, allant et venant entre médias traditionnels et médias sociaux, jusqu’à la pétition et son soutien populaire.
Les principales étapes :
15/07 : Rapport de la cour des comptes (pdf).
18/07 : Politique.net sort l’information. Quelques médias reprennent l’info.
20/07 : Effervescence sur twitter.
22/07 : Rue 89 fait partie des quelques médias qui relaient l’information, mais rajoute des observations sur l’aspect technique déplorable du site.
25/07 : Nicolas Bousquet lance la pétition sur Change.org. Je reçois l’e-mail qui m’en informe.
28/07 : Suite à la pétition, Carla Bruni-Sarkozy fait savoir qu’elle pourrait porter plainte contre ceux qui “pourraient porter atteinte à son honneur”.
31/07 et 01/08 : Les médias nationaux relaient l’information relative à la pétition.
01/08 : La pétition passe le cap de 100 000 signatures.
… et ça continue sur Twitter #CarlaFaitesUnDon …
Sur le site du Nouvel Obs, on a même droit a un parallèle avec des accusations de détournements à des fins privées datant de 2012, et les réactions qui ont suivi.
Pétitionner pour exister
En France, depuis la loi constitutionnelle de 2008, le Conseil économique, social et environnemental peut être saisi par voie de pétition. Celle-ci doit être rédigée en français et signée par au moins 500 000 personnes majeures, de nationalité française ou résidant régulièrement en France. Cependant la pétition n’a pas de valeur juridique.
J’avais déjà évoqué Change.org, plateforme de pétitions en ligne, à propos de Google Reader, pétition sans grand succès (ce qui était prévisible).
Mais dans le domaine des e-pétitions, Change.org n’est pas seul, puisqu’on peut recenser entre autres Avaaz, Activism, 38 degrees, Mes Opinions ou encore Pétition du web.
Le plus difficile est de faire la part des choses entre les pétitions farfelues et les sérieuses. Il faut aussi avoir un comportement critique vis-à-vis de certaines pétitions, d’associations notamment, lesquelles peuvent très bien être le moyen pour certains de se faire de la publicité, d’aller à la pêche aux subventions, ou de constituer un listing d’adresses e-mail exploitable ultérieurement à d’autres fins …
Le site Hoaxbuster et son forum peut éventuellement vous y aider.
Comme certains ont pu l’anticiper, l’e-pétition est un moyen pour un individu, celui qui la présente, et pour un groupe d’individus, ceux qui la signent, d’affirmer ses opinions, de se faire entendre. Et se faire entendre, c’est le début de la communication.
D’autant que la diffusion de l’existence de la pétition peut se faire de façon plutôt massive, par mail, Facebook, Twitter, … et par le bon vieux bouche-à-oreille (du moins dans sa version web).
Enfin personne n’est à l’abri. La cible d’une pétition n’est pas seulement une personnalité, mais peut aussi être votre voisin, une collectivité locale ou territoriale, une entreprise, une marque, …
Un phénomène, on ne peut plus démocratique, à surveiller de près, pour sauvegarder son e-réputation, par exemple.
Nota : Durant l’écriture de ce billet (le 2 août au matin), la pétition a reçu environ 330 signatures par heures.