Tu commences ce livre sans rien savoir, ou presque. Très vite tu comprends que tu ne t'en tireras pas comme ça. Très vite tu piges que ce texte-là, les images qu'il te fabrique, ces personnages-là, tu n'es pas prête de les oublier. Sûrement que tu ne les oublieras jamais, d'ailleurs.Dire que tu as failli passer à côté. Dire que tu pensais que tu n'aimerais pas.Faut pas exagérer non plus, cela n'a pas été un moment de plaisir, ça t'a pris un dimanche, le début au soleil (si si) dans un transat, avant de migrer dans ton lit pour terminer une lecture indélébile. Parce que la trace elle reste. L’atmosphère spéciale qu'elle a donnée à ce dimanche. Le malaise persiste, deux semaines plus tard. Parce qu'il t'a fallu deux semaines pour arriver à écrire ton ressenti. Deux semaines pour te rendre compte que tu ne sais pas si les personnages avaient un nom, mais tu les vois très bien déambuler, tu les sens, tu as envie de couvrir l'enfant de tes bras pour le protéger de ce froid qui l'engloutit, tu as été heureuse et savonneuse avec eux lorsqu'ils ont trouvé de quoi se laver.Il est des "livre-trace".La Route en est un, et de belle envergure.
La Route, Cormac McCarthy, éditions Points Poche, traduction François Hirsch