Y a des jours donc, où tu attrapes le premier livre que tu trouves, sans regarder de quoi il s'agit.
Et y a des jours où t'as la main heureuse.Tu as lu ces premières lignes:
"Un jour, j'ai reçu une lettre, une longue lettre pas signée. C'était un évènement car dans ma vie je n'ai jamais reçu beaucoup de courrier. Ma boîte aux lettres se bornant à m’annoncer que la-mer-est-chaude ou que la-neige-est-bonne, je ne l'ouvrais pas souvent. Une fois par semaine, deux fois les semaines sombres, où j'attendais d'elles, comme du téléphone, comme de mes trajets dans le métro, comme de fermer les yeux jusqu'à dix puis de les rouvrir, qu'elles bouleversent ma vie.
Et puis ma mère est morte. Alors là, j'ai été comblée, pour bouleverser une vie, la mort d'une mère, on peut difficilement mieux faire."Et lorsque que tu relèves les yeux, il s'est écoulé quelques heures, tu viens de lire les dernières lignes et tu es toute ébaubie par ce texte. Tu l'avais acheté parce que tu avais lu de beaux articles le concernant, mais tu l'avais laissé de côté, parce qu'en vérité tu pensais qu'il était victime de son succès. La fin du résumé de la quatrième de couverture:
"Peu à peu, Camille comprend qu'elle n'est pas étrangère au terrible secret que cette correspondance renferme."te faisait craindre le pire.
Tu te confortes dans l’idée qu'il ne faut jamais se fier aux quatrièmes...ni résumer aucun livre.
Tu sais maintenant que sous "terrible secret" peut se cacher un petit trésor d'écriture et d'émotion. Tu sais aussi que celles et ceux qui l'ont lu savent, et qu'il y a les autres, encore étrangers à la confidence.
Le confident, Hélène Grémillon, éditions Folio