Titre : Kaamelott, T7 : Contre-attaque en Carmélide
Scénariste : Alexandre Astier
Dessinateur : Steven Dupré
Parution : Mai 2013
Kaamelott est avant tout la série télévisée créée par Alexandre Astier. Je suis un inconditionnel de l’univers médiéval de cette grande saga. Je peux voir les épisodes de chaque saison en boucle sans jamais m’en lasser. Depuis, je suis toujours attentif à tout ce qui concerne de près ou de loin le roi Arthur et ses acolytes. C’est avec plaisir que j’ai découvert il y a quelques années l’apparition de Kaamelott dans le neuvième art. Ma critique d’aujourd’hui porte sur le septième épisode de cette aventure bédéphile. Il s’intitule Contre-Attaque En Carmélide et est apparu dans les librairies il y a quelques semaines. Edité chez Casterman, cet ouvrage est de format classique Alexandre Astier est en charge du scénario. Il a confié les dessins à Steven Dupré. Les couleurs sont l’œuvre de Picksel.
La quatrième de couverture nous offre le synopsis suivant : « La Carmélide est attaquée ! Les vaisseaux d’un mystérieux peuple ennemi, venus des mers du Nord, fendent le sable des côtes. Le perfide assaillant n’hésite pas à enlever la Reine Guenièvre pour faire pression sur le royaume de Logres. Léodagan acceptera-t-il l’aide de Kaamelott et la participation des troupes d’Arthur à la bataille ? Ou tiendra-t-il coûte que coûte à conserver son autonomie militaire ? L’heure est-elle vraiment aux règlements de compte avec son gendre ? »
Je tiens à préciser que cette série n’est pas un prolongement de sa version télévisée. En préambule, les autres précisent que cette aventure est contemporaine du Livre I et qu’elle s’inscrit dans la grande épopée de Kaamelott alors qu’Arthur vient de construire sa forteresse et d’instituer les réunions de la Table Ronde. Cet aspect est intéressant car il permet à un néophyte de profiter de cette lecture. Sa non maitrise de l’univers d’Astier l’empêchera de profiter de toutes les allusions mais l’atmosphère divertissante de l’ensemble lui sera accessible sans difficulté. Quant aux adeptes de Kaamelott, ils retrouveront avec joie leurs personnages préférés.
L’intrigue débute par un week-end familial comme chacun en vit régulièrement. Le roi Arthur s’est rendu chez son beau-père, Léodagan, roi de Carmélide. Il va sans dire que l’heure n’est pas aux soirées calmes et apaisées. Le sujet de conflit du jour est le principe de la Fédération. Arthur n’arrive pas à faire comprendre que la Carmélide n’est pas indépendante et est soumise à Kaamelott. Quand cette discussion sans fin mais pas sans éclat se couple à un risque d’attaque ennemie, les échanges verbaux prennent une ampleur qui ravit le lecteur. Les dix premiers pages sont un modèle du genre dans le domaine des dialogues. Chaque phrase est une saillie qui fait rire de bon cœur. « Il n’y a jamais eu d’espions en Carmélide ! Payer des types à se déguiser en buisson, c’est pas mon genre. » ou encore « Les archers sont des fainéants ! Toujours planqués derrière les autres à balancer des bouts de bois ! Pas de ça, en Carmélide ! » sont des exemples de vérités militaires énoncés par le subtil et tacticien Léodagan.
La réussite de cet album se construit autour de la relation entre Arthur et son beau-père. Le fait que l’un construise la défense en utilisant son cerveau quand l’autre est dirigé par ses hormones et ses muscles fait que de nombreuses situations se prêtent aux gags et à l’humour. La densité comique est importante. Il s’agit d’un des meilleurs crus de la saga dans ce domaine. Le scénario se construit comme une succession de scènes donnant chacune lieu à un moment drôle. Le fil conducteur de l’intrigue est secondaire. C’est un choix judicieux. L’invasion potentielle n’est que le terreau à l’imagination littéraire d’Astier. Le rythme des premières pages ne diminue jamais vraiment jusqu’au dénouement. C’est agréable car il s’agissait d’une faiblesse des tomes précédents.
Néanmoins, il ne faut pas croire que Contre-Attaque En Carmélide n’exploite pas la grande richesse de personnages que possède Kaamelott. Le père de Léodogan trouve une place intéressante. Il est aussi fin que son fils et on rit avec plaisir du côté bourrin et irréfléchi de chacun de leurs décisions. Une fois que l’invasion s’avère très sérieuse, l’histoire voit apparaitre la fine fleur de la Table Ronde : Perceval, Karadoc, Merlin ou encore Bohort. Même si leurs apports sont secondaires dans cet épisode, c’est avec plaisir qu’on savoure leurs présences. Le pleutre Bohort, l’incompétent Merlin et les deux autres originaux font naitre les sourires sans aucun mal.
Au final, ce septième tome est un des meilleurs de la série. Je le trouve vraiment proche de l’esprit de la saga télévisuelle. Les textes sont bien meilleurs que dans les opus précédents. Concernant les dessins, ils respectent plutôt bien les traits des personnages. Néanmoins, je ne peux pas dire que je sois un grand fan du trait de Steven Dupré. Je ne lui trouve rien d’original et de particulier. Son style se contente d’accompagner la narration sans la transcender ou l’envelopper une atmosphère graphique personnelle. C’est dommage car cela empêche Kaamelott de prendre une ampleur supplémentaire. Malgré ces quelques bémols, j’ai pris du plaisir à découvrir des aventures inédites d’Arthur et de toute sa clique. C’est déjà pas si mal !
par Eric the Tiger
Note : 12/20