A Manhattan, la presse people s’enflamme à nouveau. Depuis la mort brutale d’Elizabeth Holland, peu avant son très médiatique mariage avec Henry Shoonmaker, la sulfureuse Penelope Hayes semble s’être étonnamment assagie. La voici qui s’habille de couleurs virginales et qui fait la charité aux pauvres sur les marchés. Elle s’est d’ailleurs beaucoup rapprochée de la très jeune Isabella Shoonmaker, la belle-mère d’Henry, qui est toute prête à lui faire une place dans la famille. Penelope est en effet prête à jouer tous les rôles pour parvenir à épouser ce séducteur avec qui elle a passé un été torride et qui s’est depuis détourné d’elle. Et pour cause: peu avant la mort de sa fiancée, Henry a rencontré Diana Holland, l’impétueuse et romantique petite soeur de celle-ci. Et il en est tombé fou amoureux. Mais il est bien difficile pour lui, alors qu’il porte officiellement le deuil d’une soeur, de s’afficher au bras d’une autre. D’autant plus que ses sentiments sont partagés et que Diana elle aussi s’impatiente: avec la mort d’Elizabeth, c’est tous les espoirs de remédier à la ruine familiale qui se sont écroulés, et c’est maintenant sur Diana que cette responsabilité repose. Mais des rumeurs plutôt préoccupantes commencent à circuler. La première: on annonce l’arrivée à New York d’une héritière venue de l’ouest, une certaine Carolina Broad, qui n’est autre que Lina, l’ancienne servante des Holland prête à vendre leurs secrets les plus inavouables à leurs pires ennemis pour obtenir ses entrées dans le beau monde. La deuxième: on murmure que comme on a jamais retrouvé son corps, Elizabeth Holland ne serait peut-être pas morte, qu’elle aurait pu être enlevée par des bandits et qu’elle pourrait encore réapparaitre.
Autant le premier tome m’avait semblé très cliché, autant celui-ci m’a surprise par le tournant qu’il prend. Certes, on reste dans une histoire de mariage contrarié, d’amour passionné, de morts mystérieuses. Mais le ton est néanmoins un peu moins léger et moins attendu que dans le précédent tome: la stratégie machiavélique de Penelope pour passer pour le parti idéal est assez bluffante et les tentatives d’ascension sociale de Lina sont une véritable leçon sur la fracture entre les classes. Ce sont d’ailleurs les deux histoires les plus intéressantes et j’ai beaucoup aimé suivre les rencontres autour de ces personnages, les informations échangées, les secrets maintenus ou révélés et la manière dont chacun de leurs faits et gestes est calculé. Pénélope choisit jusqu’à la position de ses mains sur les genoux et la couleur de ses robes. Lina cherche à se faire des relations sans passer pour une arriviste ou une fille perdue. C’est fascinant et bien plus intéressant que la bluette à peine crédible d’Elizabeth et Will l’homme qu’elle aimait et pour lequel elle a voulu fuir son mariage.
Même si je n’ai pas été plus que cela séduite par l’histoire d’amour au départ de la série, j’avoue avoir été touchée par celle d’Henry et Diana, qui n’ont rien demandé à personne, se sont plutôt bien trouvé, et pourraient réellement avoir un avenir ensemble si il n’y avait pas autour d’eux autant de gens à contenter. Cette histoire n’a rien d’héroïque, elle n’a rien d’impossible, rien ne les sépare et pourtant, ça ne fonctionne pas. Je suis beaucoup plus émue par ces gens normaux qui ploient sous le joug d’un monde trop lourd plutôt que par ces héros qui prétendent vivre d’amour et d’eau fraiche.
Et puis, tout ça, avec des robes toutes plus élégantes les unes que les autres, des descriptions de bals tourbillonnants, des mises en scènes pour duper l’oeil de la rumeur qui guette… Bref, moi, le côté superficiel qui assume à mort, parce que ça cache toujours quelque chose, j’adore.
La note de Mélu:
Parfait pour l’été!
Titre original: Rumors (traduit de l’anglais)
Un mot sur l’auteur: Anna Rodbersen est une auteure américaine. D’autres de ses œuvres sur Ma Bouquinerie: