J'écoute régulièrement en podcast l'excellente émission de Guillaume Gallienne sur France Inter : Ça peut pas faire de mal qui nous propose d'écouter des passages (judicieusement choisis) d’œuvres littéraires célèbres. Je viens d'écouter l'émission sur "L'écume des jours" de Boris Vian et je ne résite pas au plaisir de vous faire entendre, par Jean Louis Trintignant, le célèbre poème : 'Je voudrais pas crever"
En prime la version écrite, tirée de l'excellent site Feelingsurfer qui, contient d'autres poèmes de la suite "Je voudrais pas crever"
Je voudrais pas crever
Avant d'avoir connu
Les chiens noirs du Mexique
Qui dorment sans rêver
Les singes à cul nu
Dévoreurs de tropiques
Les araignées d'argent
Au nid truffé de bulles
Je voudrais pas crever
Sans savoir si la lune
Sous son faux air de thune
A un coté pointu
Si le soleil est froid
Si les quatre saisons
Ne sont vraiment que quatre
Sans avoir essayé
De porter une robe
Sur les grands boulevards
Sans avoir regardé
Dans un regard d'égout
Sans avoir mis mon zobe
Dans des coinstots bizarres
Je voudrais pas finir
Sans connaître la lèpre
Ou les sept maladies
Qu'on attrape là-bas
Le bon ni le mauvais
Ne me feraient de peine
Si si si je savais
Que j'en aurai l'étrenne
Et il y a z aussi
Tout ce que je connais
Tout ce que j'apprécie
Que je sais qui me plaît
Le fond vert de la mer
Où valsent les brins d'algues
Sur le sable ondulé
L'herbe grillée de juin
La terre qui craquelle
L'odeur des conifères
Et les baisers de celle
Que ceci que cela
La belle que voilà
Mon Ourson, l'Ursula
Je voudrais pas crever
Avant d'avoir usé
Sa bouche avec ma bouche
Son corps avec mes mains
Le reste avec mes yeux
J'en dis pas plus faut bien
Rester révérencieux
Je voudrais pas mourir
Sans qu'on ait inventé
Les roses éternelles
La journée de deux heures
La mer à la montagne
La montagne à la mer
La fin de la douleur
Les journaux en couleur
Tous les enfants contents
Et tant de trucs encore
Qui dorment dans les crânes
Des géniaux ingénieurs
Des jardiniers joviaux
Des soucieux socialistes
Des urbains urbanistes
Et des pensifs penseurs
Tant de choses à voir
A voir et à z-entendre
Tant de temps à attendre
A chercher dans le noir
Et moi je vois la fin
Qui grouille et qui s'amène
Avec sa gueule moche
Et qui m'ouvre ses bras
De grenouille bancroche
Je voudrais pas crever
Non monsieur non madame
Avant d'avoir tâté
Le goût qui me tourmente
Le goût qu'est le plus fort
Je voudrais pas crever
Avant d'avoir goûté
La saveur de la mort...
Boris Vian
Je voudrais pas crevr_Vian.mp3
(3.23 Mo)
Je voudrais terminer en soulignant que l'usage combiné de nos modernes smartphones et des podcasts (émissions radiophoniques enregistrées et diffusées par Internet) nous permet aujourd'hui, comme dans cet exemple, d'écouter du Boris Vian dans sa salle de bain ou dans les transports en commun.
Ce qui, entre nous soit dit est plus enthousiasmant et gratifiant que de jouer à Angry birds, mais cela ne me regarde pas, et en tout état de cause ... c'est vous qui voyez.
Naguère nous étions attachés à nos ordinateurs pour accéder aux podcasts, maintenant nous avons tout ce qu'il faut dans la poche.
Par ailleurs je rappelle que c'est grâce aux Rss, tant décriés aujourd'hui, relégués à l'état de "News" et, c'est tout dire, lâchement abandonnés par Google lui-même, que nous pouvons faire cela.
Pour ceux qui ne connaîtraient pas encore les Rss et le podcasting tapez le mot clé "Podcast" dans lemoteur de recherche de ce site.
L'adresse de "Ca peut pas faire de mal" :
radiofrance-podcast.net/podcast09/rss_11262.xml (à lire avec un logiciel de podcast)
ou avec votre navigateur, le site incontournable de France Inter
Si le travail c'est l'opium du peuple, alors je ne veux pas finir drogué...
Un homme digne de ce nom ne fuit jamais. Fuir, c'est bon pour les robinets.
Une solution qui vous démolit vaut mieux que n'importe quelle incertitude.
La douleur est une chose que l'on n'a le droit d'infliger qu'à soi-même.
On n'oublie rien de ce qu'on veut oublier : c'est le reste qu'on oublie.
Il y a deux façons d'enculer les mouches : avec ou sans leur consentement.
On commence à avoir des malheurs quand on a cessé de ne penser qu'à soi.
Aussi longtemps qu'il existe un endroit où il y a de l'air, du soleil et de l'herbe, on doit avoir regret de ne point y être. (Surtout quand on est jeune.)
La langue est un organe sexuel dont on se sert occasionnellement pour parler.
La police est sur les dents, celles des autres, évidemment.
Le plus clair de mon temps, je le passe à l'obscurcir, parce que la lumière me gêne.
La chute d'Adam et Eve ? - C'était une erreur de Genèse.
La foi soulève des montagnes mais les laisse joyeusement retomber sur la tête de ceux qui ne l'ont pas.
Il est évident que le poète écrit sous le coup de l'inspiration. Mais il y a des gens à qui les coups ne font rien.
Je me demande si je ne suis pas en train de jouer avec les mots. Et si les mots étaient faits pour ça ?
Supprimez le conditionnel et vous aurez détruit Dieu.
Les gens sans imagination ont besoin que les autres mènent une vie régulière.
La question ne se pose pas. Elle en est absolument incapable : il y a trop de vent.
J'aime moins l'argent que vous puisque j'en dépense plus.
Quand on se voit milliardaire, on se voit toujours en train de dépenser le milliard, jamais de le gagner.
Le pluriel d'un maréchal, c'est des maraîchers. Le pluriel d'un général, c'est des générés.
Les prophètes ont toujours tort d'avoir raison.
Je ne veux pas gagner ma vie, je l'ai.
Du temps que les femmes ne votaient pas, on faisait la guerre pour elles.
Maintenant qu'elles votent, on la fait pour le pétrole. Est-ce un progrès ?
La presse française fait preuve d'une partialité révoltante et ne traite jamais que les mêmes sujets : les hommes politiques et les autres criminels.
Mieux vaudrait apprendre à faire l'amour correctement que de s'abrutir sur un livre d'histoire.
On se trouve toujours des excuses pour vivre.