Augusta Emerita était une citée romaine, et capitale de la province de Lusitania. Fondée par le premier empereur, Augustus, en 25 avant J.C. pour des légionnaires retraités avec mérite après les guerres cantabres qui complétaient la conquête romaine de l'Hispanie, Augusta Emerita aurait pu, comme plusieurs villes de l'empire romain, disparaître entièrement après les invasions barbares (la ville a été un important centre Visigoth pendant quelques siècles, avant l'arrivée des Maures). Heureusement pour les vagabonds amateurs d'histoire romaine, Augusta Emerita a non seulement su survivre, mais l'a fait en conservant un nombre impressionnant l'édifices et d'artefacts de l'époque romaine.
Je débute volontairement par quelque chose qui ne date pas de l'époque romaine: l'Alcazaba almohade, dont les excavations ont toutefois révélées que la forteresse maure avait été érigée à partir des édifices romains existants - en entrant dans l'Alcazaba, on peut d'ailleurs voir des voies romaines originales, ainsi qu'une partie de la muraille de la ville d'Augusta Emerita.
La ville a réussi à découvrir la plupart des vestiges restants des anciennes rues romaines, et en a conservé plusieurs visibles pour le visiteur (d'autres ont été remblayées et sont simplement indiquées par des marques sur la chaussée actuelle). Marcher sur les voies romaines vieilles de 2000 ans a quelque chose de fort émouvant pour un voyageur qui apprécie l'histoire et l'archéologie.
Chaque coin de rue de la ville moderne qu'est devenue Augusta Emerita (Mérida, actuellement, capitale de la province d'Extremadura), est susceptible de vous faire découvrir quelque ruine romaine. Ici, les vestiges d'un puits construit pour la récupération de la neige en hiver (et sa conversion en eau potable).
Dans l'ancien forum d'Augusta Emerita, ce portico dont quelques colonnes et niches ont survécu au passage du temps (la sculpture est une reproduction, l'originale découverte sur ce site repose maintenant au musée romain de Mérida).
Détail du portico, avec reliefs représentant Medusa et Jupiter.
Ce portico (voir photo précédente) me donne l'opportunité de mentionner à quel point la ville de Mérida est ordinaire et assez laide dans son incarnation actuelle du 20e-21e siècle; il est assez incroyable que d'aussi importants et splendides vestiges soient encore préservés, mais dommage qu'ils le soient dans un environnement aussi déglingue, désorganisé et sans plan d'urbanisme qui les mettraient proprement en valeur. La photo précédente, du portico, relève d'une contorsion photographique, et représente le seul angle possible où on peut voir le portico en question sans que l'image ne soit dominée par quelque édifice affreux en arrière-plan, et ce, peu importe l'angle de prise de vue. Remarquez que la photo n'évite pas complètement les édifices affreux, mais au moins, ils ne captent pas toute l'attention.
Voici les premiers vestiges sur lesquels je suis tombé à Mérida: à deux pas de mon auberge, les restes d'un temple, à demi excavé, sur un terrain fermé par une clôture de métal, avec un panneau illisible sous les graffitis. (L'édifice en tôle en arrière-plan est une ruine du 20e siècle).
Plancher en mosaïque, dans une maison non loin de l'amphithéâtre de Augusta Emerita.
À part à Rome elle-même (au Circus Maximus), je ne crois pas avoir jamais vu les ruines d'un cirque romain, l'endroit où se déroulaient les courses de char (les amateurs de vieux cinéma se souviendront certainement de cette spectaculaire scène de Ben Hur). Et même le Circus Maximus de Rome n'est pas aussi bien conservé que celui d'Augusta Emerita, dont la taille - et les estrades conservées tout autour de l'ovale allongé du cirque - est vraiment impressionnante.
Un des vestiges les plus importants de la ville demeure l'amphithéâtre romain (qui celui-là, contrairement au précédent, ne présentait pas de course de char, mais bien les combats de gladiateurs et les combats contre les animaux féroces). Si celui de Augusta Emerita n'est pas le mieux conservé au monde (on a qu'à penser au Colisée de Rome, mais aussi à celui d'Arles, de Verona ou de Pula, par exemple), il n'en demeure pas moins intéressant à visiter, et, pour ce voyageur-ci, tout aussi émouvant à explorer que les autres.
L'Esprit Vagabond, grand fan de ruines romaines, dans l'Amphithéâtre de Augusta Emerita, un édifice érigé an l'an 8 avant J.C.
Une autre construction assez typique des villes romaines: l'Aqueduc. Comme Augusta Emerita prenait son eau à 5 km de là, il fallait bien apporter cette eau en ville, via un long aqueduc, qui devait négocier avec les aléas du terrain entre les deux lieux, d'où de longs piliers reliés par des arches, dont quelques morceaux ont survécu au passage de deux millénaire pour atterrir sur ce blogue.
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Je m'arrête un instant ici, pour mentionner que seulement avec ces ruines-là, j'aurais été très heureux de mon passage à Augusta Emerita. Peut-être que certains voyageurs blasés des ruines romaines ne trouveront pas que cette collection de sites archéologiques vaut le détour vers la capital de l'Extremadura... si vous êtes de ceux-là, ne manquez pas le prochain billet, car Augusta Emerita a bien plus à offrir que ces quelques vestiges.
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à suivre.