Elle vient de très loin comme nous le disions en janvier dernier. Du nuage d’Oort, dont le nom semble tout droit sorti de l’heroic fantasy et qui se situe à la frontière du système solaire, à près d’une année-lumière (10.000 milliards de km) du Soleil. C’est très, très loin... Mille fois plus loin que Pluton. L’étoile la plus proche de nous, Proxima du Centaure, ne se trouve que quatre fois plus loin que le nuage d’Oort. C’est dire... Les comètes, contrairement aux astéroïdes, sont constituées de glace et de poussières. D’où leur immense panache. Elles proviennent essentiellement de la ceinture de Kuiper, située au-delà de Neptune à environ 6 milliards de km du Soleil, et du nuage d’Oort, le berceau d’Ison. Les astronomes considèrent que les comètes ont joué un rôle essentiel dans la formation des planètes, il y a 4,5 milliards d’années. On pourrait aussi leur devoir une partie de l’eau qui se trouve sur Terre. Découverte très récemment, le 21 septembre 2012 par Vitali Nevski and Artyom Novichonok de l’International Scientific Optical Network (ISON) près de Kislovodsk en Russie, la comète Ison mesure un peu moins de 5 km de diamètre et pèse entre 3 milliards et 3 milliards de milliards de kg... Son panache est la trace laissée par la perte de quelque 1.000 tonnes de CO2 et de 54.400 tonnes de poussières par jour... Sa distance actuelle ne permet pas encore de connaître sa masse avec plus de précision. Sa vitesse est estimée à 80.000 km/h. Impossible également de déterminer la longueur de la queue d’Ison lors de son passage près de la Terre. Plus elle se rapprochera, plus sa brillance augmentera et elle culminera lors de son approche du Soleil. Les calculs de trajectoire prévoient un passage au plus proche de notre étoile, soit à 1,1 million de km de sa surface, le 28 novembre 2013, ce qui en fait une comète dite «rasante». Ensuite... Tout dépendra de la capacité d’Ison à résister à la chaleur su Soleil à une distance 150 fois inférieure à celle de la Terre. Si elle survit, elle ne le devra qu’à la brièveté de son passage.
La comète Ison vue par le télescope spatial Spitzer le 13 juin 2013 à deux longueurs d'ondes infrarouges différentes (3,6 et 4,5 microns) - Source: Nasa/Spitzer
Mais elle subira une forte évaporation et des forces de marée susceptibles de la fragmenter. L’effet de la gravité du Soleil pourrait même la désintégrer. Lorsqu’elle sera au plus près, en son point de périhélie, Ison devrait être soumise à une température de 2.700°C, soit 1.000°C de plus que la température de fusion de l’acier. Pour un bloc de glace et de poussières, l’épreuve sera terrible. Mais d’autres comètes y ont résisté dans le passé... Pour nous, sur Terre, Ison sera visible deux fois, pendant son voyage aller et, surtout, peut-être, lors de son retour. Avant de croiser la Terre, la comète, qui se trouve aujourd’hui entre Jupiter et Mars, passera près de la planète rouge le 1er octobre 2013. La distance, de seulement 10,8 millions de km, devrait affecter sa trajectoire mais les astronomes en ont tenu compte. En moins de deux mois, Ison ralliera le Soleil. A son retour, elle croisera la Terre au plus près, c’est-à-dire à environ 60 millions de km. Ces prévisions répondent à la question que tout le monde se pose: existe-t-il un risque de collision avec la Terre? La réponse est non, à moins d’une grosse erreur dans le calcul de la trajectoire ou d’un événement imprévu capable de la modifier. Nous disposons d’une marge de sécurité assez confortable comme l’explique la Nasa qui prend toujours soin de désamorcer les vents de panique.Reste la question de la luminosité d’Ison, paramètre essentiel pour la qualité du spectacle depuis la Terre. Dès le mois d’août 2013, elle devrait être visible à l’aide de petits télescopes et de jumelles. Elle le sera à l’œil nu vers la fin du mois d’octobre. Ensuite, il sera de plus en plus difficile de la distinguer du Soleil dont elle se rapprochera sans cesse. Mais dès la fin du mois de décembre, en cas de survie, Ison devrait être visible dans l’hémisphère nord. Le spectacle pourrait alors être au rendez-vous. Il faudra en profiter car Ison ne reviendra pas de sitôt nous rendre visite. Sa période orbitale est en effet de 900.000 ans... Rien à voir avec la comète de Halley qui pointe son nez tous les 76 ans et qui, après 1986, sera à nouveau visible en... 2061. L’orbite d’Ison ressemble à celle de la grande comète de 1680 et les astronomes pensent qu’il s’agit peut-être de l’un de ses fragments. On pourrait penser qu’Ison est la dernière chance de voir une comète dans le ciel pour bon nombre d’entre nous. Pas sûr. Sa détection tardive, l’an dernier seulement, montre que d’autres surprises peuvent très bien nous attendre.
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