Mais toi, Bernadette, dans ton paradis des étoiles disparues, tu t’en balances ainsi que le chantait Barbara dans le film de Nelly Kaplan où tu incarnais Marie, la fiancée du pirate (1969) Oui tu t’en balances car des gens de ton village continuent à t’aimer en silence ! Et puis tu as enfin retrouvé Pauline, ton enfant chérie, ta petite fée trop vite disparue en 1988 ! Dans son souvenir tu t’es battue pour ne pas sombrer et ce deuil magnifique aura nourri les planches des théâtres et la magie télévisuelle…
Comment pourrait-on t’oublier ? Pas beaucoup de tes pairs pour ton dernier voyage Saint André de Valborgne au plein cœur de l’été A réuni ses âmes pour cet ultime hommage Quand la nouvelle vague d’un reflux s’étiolait.
Et pourtant quel regard aux lueurs de malice Pour inspirer le cœur de Chabrol ou Truffaut Une belle fille comme toi pour ce dernier office Eût mérité le chœur des illustres sanglots.
De maman à putain s’emploie ta profession A nourrir de son sein tes premiers jeux d’écran Pour préférer bientôt d’autres fruits de passion Quand ton âge écrira la mémoire de Kaplan.
L’été en pente douce décrochera l’hiver Et ce froid dans ton cœur en brisures d’absence Le parfum de Pauline sur les embruns amers Et des planches posées en tremplins d’espérance.
Au-delà de ce deuil, au-dessus de l’abime Une force joviale, un appétit d’aimer Cigale cévenole dans l’été qui s’abime Tu brillas tant de fois pour nous émerveiller
Et qu’importent les grands issus de ton sérail Qui jouèrent l’absence lors de tes funérailles Les vrais gens étaient là, ces cœurs qui te ressemblent Emouvants et fragiles comme un souffle qui tremble…