Café Français par Patrick Faus
: cuisine banale
: cuisine d’un bon niveau
: cuisine intéressante et gourmande
: cuisine de haut niveau… à tous les niveaux
: cuisine exceptionnelle
… un Café Français très parisien pour un repas très gourmand …
Manifestement, la Bastille est à prendre. Nous avions déjà subi la transformation sauvage de la partie Roquette/Lapp, où un véritable quartier populaire de Paris fut transformé en gargotes italiano-espagnolo-chinoiso pitoyables. La rue du Faubourg Saint-Antoine, grouillant et bouillonnant pendant un siècle du travail des artisans du meuble et tapissiers, a eu très chaud, mais abrite désormais une faune bobos cheap qui jouent aux prolos parisiens avec bretelles et gapouses pour faire plus vrai. Simulacre d’un monde disparu.Pour la Bastille, ça démarre mieux. Opéra oblige. Le classique éternel Bofinger à deux pas, Les Grandes Marches revu et fort bien corrigé avec un nouveau décor, une vraie carte de brasserie et une terrasse conquérante, et le petit dernier du groupe Beaumarly de Gi
lbert et Thierry Costes. Coté Henri IV et rue Saint-Antoine, le Café Français occupe tout le pâté de maison. Brasserie, bar, véranda bien protégée de l’extérieur, terrasse, on démarre à 7h du matin avec les croissants et on termine à 2h du matin avec… ce qu’il faut. Une salle fraîche, chic, agréable, aux couleurs pimpantes, due au talent de India Mahdavi, déjà complice des Costes pour le restaurant de Jean-François Piège et l’hôtel Thoumieux entre autres, et le restaurant d’Hélène Darroze au Connaught à Londres. Accueil « costien » par une grande fille magnifique mais aimable et fort serviable et un service d’une diligence remarquable. Une carte bien conçue, reposante dans les classiques avec un poil d’originalité pour le petit décalage indispensable. Derrière tout ça, un chef que nous aimons, remarquable et iconoclaste, Thierry Burlot, qui continue par ailleurs son excellent Caffe Burlot Thierry Costes. Bonne nouvelle.« Beau, juste et bon », disent-ils. Pour l’instant, il faut saluer l’exigence dans le choix des produits servis qui déclinent tous les fournisseurs glamour du moment
: Thiébault pour les légumes, Lalos pour le pain, Doumbea pour le sublime jambon de Paris, Bordier pour le beurre, et tutti quanti… Dans l’assiette toutes ces belles choses se tiennent bien.Subtile, fraîche et goûteuse Soupe froide de petits pois agrémentée de quelques petits lardons bien grillotés. Remarquable Tomates-Burrata, arrosée d’huile d’olive de Fulvio Pierangelini (on dirait un nom de la Renaissance !), le chef mythique du port de San Vincenzo, près de Livourne. Anodin Cabillaud cuit doucement (trop ?) condiment lait caillé, raifort, curry, citron vert, asperges vertes et flanqué d’une purée banale. Fêtons son avènement, le Colin froid est de retour ! Le vrai, pas celui de Jean-Edern Hallier. Un beau morceau de ce poisson de notre enfance, longtemps disparu car honteux par rapport aux frimeurs des turbots et compagnie. Une belle mayonnaise et le tour est joué. Quelques bonnes pommes de
terre de Noirmoutier à la vapeur suffiraient en lieu et place d’une ratatouille ultra chaude (décalage dommageable) et trop liquide. L’Orange Paris-Bastille est un bon dessert original et tout en agrumes et le Pain perdu aux fruits rouges est excellentissime.Sinon, il y a du camembert de chez Durant du fin fond de la Normandie, de la poularde Cour d’Armoise (s’il vous plait), du Merlan Colbert, des œufs mayo, et du foie gras du Gers. Du bon et du juste.
Carte des vins très bien fournie et au choix judicieux bien qu’un peu chère, mais nombreux et excellents vins au verre de 9 à 20 € en rouge et de 9 à 13 € en blanc. Ambiance agréable à midi, clientèle « parisienne » assez chic et détendue pour un lieu mode sans excès. Un Café Français très parisien, dans le bon sens du terme, pour un repas très gourmand.Café Français
3, place de la Bastille
75004 Paris
M° : Bastille
Tél : 01 40 29 04 02
www.beaumarly.com
Ouvert tous les jours
7h – 2h du matin
Carte : 50 € environ