Ce qu’il est ne meurt jamais
Posted: 30 Jul 2013 01:11 PM PDT
Nous avons maintes fois dénoncé le rôle néfaste joué par les médias dominants dans « l’information » du peuple. Nous le constatons tous les jours dans la gestion de l’information sur les questions politiques et économiques en France ou en Europe. Cela est également vrai dans le traitement de la politique étrangère et des questions diplomatiques. A ce sujet le visionnage du documentaire « Coup d’Etat contre Chavez » de Kim Bartley et de Donnacha O'Briain est édifiant.
/* */L’intérêt de ce documentaire est que les réalisatrices, qui voulaient à la base réaliser un simple documentaire sur Hugo Chavez, se sont retrouvées à l’intérieur du palais présidentiel au moment du coup d’Etat de 2002 destiné à faire tomber le Président de la République bolivarienne du Venezuela.
Le début de la contestation anti-Chavez monte en raison de la volonté du gouvernement de réorienter la politique de la compagnie pétrolière vénézuélienne PDVSA. Le Venezuela étant l’un des principaux exportateurs de pétrole au monde, la répartition de la manne pétrolière est une question stratégique.
L’idée de Chavez est de mettre son ministre du pétrole à la tête de cette entreprise, afin que les immenses bénéfices de cette firme puissent contribuer à financer la politique sociale du Venezuela. Naturellement une telle idée a provoqué des tensions parmi les néolibéraux qui préfèrent s’accaparer ces richesses. Ainsi les Etats-Unis reprochent à Chavez ne pas se préoccuper de leurs intérêts. Les adversaires vénézuéliens de Chavez l’accusent de ne pas optimiser la production pétrolière du Venezuela et de dilapider les bénéfices de la firme.
Pedro CarmonaCet affrontement est particulièrement intéressant puisque l’on assiste à un véritable combat entre néolibéraux et démondialistes. Prouvant une fois de plus que néolibéralisme n’est pas synonyme de démocratie, les adversaires de Chavez vont fomenter un coup d’Etat. Profitant d’une manifestation opposant les pro et les anti-chavistes, les télévisions vénézuéliennes, aux mains des néolibéraux vont manipuler les images dans le but de faire croire à des tirs par armes à feux des supporters de Chavez en direction de leurs opposants. La réalité était toute autre puisqu’ils ne visaient pas les manifestants mais des snipers, cachés dans des immeubles en surplomb, qui tiraient dans la foule.
Mais la réalité importe peu aux amis de Pedro Carmona. Il s’agit de conquérir les opinions publiques vénézuéliennes et mondiales afin de convaincre l’armée de collaborer au coup d’Etat. La ficelle est un peu grosse, mais le subterfuge réussit. Il est alors demandé à Hugo Chavez de se rendre pour éviter un bain de sang. Ce dernier accepte l’idée de sa reddition, mais précise bien qu’il ne s’agit en aucun cas d’une démission.
Naturellement les médias ne montrent aucune image de la reddition de Chavez et affirment que ce dernier a démissionné puisqu’il a été lâché par le peuple. Tout est faux mais les anciennes élites néolibérales sont prêtes à tout pour retrouver leur pouvoir et leurs avantages perdus. Dans la foulée les Etats-Unis et l’Espagne ne manquent pas de reconnaître le nouveau « gouvernement » du Venezuela.
Une fois au pouvoir, Pedro Carmona commence sa chasse aux sorcières et détricote les avancées du Chavisme pour remettre en place un modèle néolibéral. Heureusement, la colère du peuple vénézuélien, qui ne peut supporter la fin de Chavez et de la démocratie, explose dans le pays. Les manifestants entourent bientôt le palais présidentiel pour réclamer le retour de Chavez. Grâce à l’aide de la garde présidentielle, restée fidèle à Chavez, les chavistes reprennent bientôt le palais présidentiel.
La pression est alors mise sur l’armée pour qu’elle agisse dans le sens de la volonté du peuple. Cette dernière retourne alors sa veste et fait acte d’allégeance envers Hugo Chavez. Le coup d’Etat est renversé. Hugo Chavez fait son retour au sein du palais présidentiel. Il y restera jusqu’à sa mort en mars 2013. Pour le bien du peuple vénézuélien, qui le réélira à quatre reprises. Non décidément « ce qu’il est ne meurt jamais ».
Theux