Réduire les dépenses publiques : l'exemple britannique

Publié le 01 août 2013 par Copeau @Contrepoints

Selon une nouvelle étude du think tank GenerationLibre, nous devrions nous inspirer de l'exemple britannique pour stopper la dérive des finances publiques.

La réduction des dépenses publiques est une antienne maintenant répétée par chaque gouvernement, sans que les causes de cette hyperphagie n’aient jamais été traitées en profondeur. On a même fini par considérer que « limiter la hausse » représente une performance suffisante. Or, la dérive continue des dépenses publiques, quelle que soit la couleur politique des gouvernements, fait aujourd’hui de la France le plus dépensier des pays développés.

Cette situation génère de fortes tensions sociales et fait peser un risque sur la souveraineté même de l’État. Il est urgent de réduire les dépenses d’un montant annuel compris entre 50 Md€ (pour remettre les finances publiques d’aplomb) et 150 Md€ (pour retrouver la moyenne de l’OCDE).

L’exemple d’un pays voisin, le Royaume-Uni, et de la politique menée par David Cameron depuis trois ans, analysée dans une nouvelle étude du think tank GenerationLibre, montre qu’il est possible d’opérer une telle réduction (d’environ 1 point de PIB par an) sans augmenter le chômage ni s’aliéner l’opinion publique. Cela suppose trois actions essentielles :

– tenir un discours clair et positif, présentant la réduction des dépenses publiques comme une opportunité et non comme un sacrifice,

– rationaliser la dépense sociale en unifiant et plafonnant les allocations,

– diminuer la masse salariale de la fonction publique : au Royaume-Uni, plus de 400 000 emplois publics ont été supprimés depuis juin 2010.

Oui, contrairement à ce qu’a récemment indiqué le Président de la République, les fonctionnaires devraient être, selon l'étude, la variable d’ajustement des finances publiques.


Chiffres-clés

  • Aujourd’hui, la France occupe le septième rang mondial pour les dépenses publiques, derrière des pays tels que le Timor, Kiribati, Cuba, l’Irak, la Micronésie ou le Lesotho.
  • Les transferts sociaux se chiffrent à 400 Md€ par an, répartis en près de 1300 allocations différentes.
  • Le niveau de réduction annuelle de la dépense doit se situer entre 50 Md€ (pour remettre les finances publiques d’aplomb) et 150 Md€ (pour retrouver la moyenne de l’OCDE).
  • Au Royaume-Uni, les dépenses publiques sont passées de 47,4% du PIB en 2009 à 43,1% cette année, pour atteindre 40,5% en 2018.
  • S’agissant de la fonction publique, le Gouvernement britannique a supprimé 410 000 emplois publics de mai 2010 à décembre 2012 et prévoit de porter ce chiffre à 1 million d’ici 2017.
  • Aujourd’hui, 29% des Britanniques pensent que le Gouvernement ne va pas assez loin dans les coupes budgétaires, un pourcentage en constante augmentation.
  • La Banque de France emploie 13 000 agents, qui coûtent à l’État 1,5 Md€ par an. À titre de comparaison, la Banque d’Angleterre ne compte que 1955 salariés pour un coût total de 155 million £

La dépense publique est pour la France une véritable bombe à retardement, mais qu’il est tout à fait possible de désamorcer. Le Royaume-Uni nous montre la voie à suivre : rationaliser la dépense sociale et réduire le nombre d’emplois publics. Mais cela n’est pas envisageable, nous dit le think tank GenerationLibre, sans procéder à la réforme-mère de toute politique sérieuse de réduction de la masse salariale de la fonction publique : l’abolition ou la réforme d’un statut archaïque, qui a perdu sa raison d’être originelle, suivant ainsi un mouvement de fond en Europe.

Formulons crûment l'idée-clef de l'étude : pour revenir à un niveau raisonnable de dépenses publiques, il faut pouvoir procéder à des licenciements secs dans la fonction publique. Le simple non-remplacement de fonctionnaires partant à la retraite est inefficace, sous-optimal, et créateur de tensions persistantes au sein des administrations.

Au final, chacun devrait gagner à une restructuration des activités de l’État et des collectivités territoriales, et à une gestion rationnelle de leurs ressources humaines.

Lire l'étude complète sur le site de GenerationLibre.